Billetterie

Goha

de Jacques Baratier , France, Tunisie , 1958

Goha (Omar Sharif) est un pauvre garçon naïf et ignorant, un être qui ne raisonne pas et ne calcule pas. Il semble perdre son temps au lieu de travailler et de devenir un homme. Dans son voisinage, habite un savant respecté et admiré de tous, Taj El Ouloum (Lauro Gazzolo), ce qui signifie "Couronne des sciences". Taj El Ouloum, vieillissant, veut se marier. Ses femmes lui choisissent une nouvelle épouse, une toute jeune fille, Fulla (Zina Bouzaiane). Mais bientôt Fulla s’ennuie dans le palais de son vieil époux. Elle cherche à combler le vide de sa vie et, par le plus grand des hasards, s’éprend de Goha qui répond aussitôt à son amour.

gohaRécompensé au Festival de Cannes en 1959, Goha met à l’écran Omar Sharif et Claudia Cardinale dans l’un de leurs tout premiers rôles. Coproduction franco-tunisienne, le film existe en deux versions, qui furent offertes par le gouvernement français à la Tunisie. Les négatifs disparurent pendant des décennies, mais Diane Baratier, la fille du cinéaste, permit au ministère de la Culture tunisien de retrouver le matériel d’origine dans un stock des studios de Gammarth. Le CNC les récupéra et en assura la restauration avec la participation de Diane Baratier et de l’Association Jacques Baratier. Après avoir réalisé plusieurs courts métrages, Jacques Baratier passe au long avec ce sujet d’une authentique poésie. Lorsqu’on le félicite et qu’on l’interroge sur les motivations qui l’ont poussé à dépeindre avec tant de justesse la culture arabe, le réalisateur répond : « Goha représente le malaise d’un homme dans la société, le désir d’une vie en poésie. Chacun de mes films a été une tentative d’évasion. C’est ce qui m’a attiré au Maghreb. » La subtilité avec laquelle le cinéaste présente la vie quotidienne en Afrique du Nord est totalement novatrice, et sera un des éléments de son succès. À sa sortie, le film enchante la critique. Georges Sadoul, dans Les Lettres françaises, est fasciné par ses tonalités : « Chaque image est un ravissement où chantent l’azur, l’orange, le pourpre, la menthe et la plus belle des couleurs : le blanc. » Quant à Jean-Luc Godard, il déclare dans Arts : « Goha est un film presque incritiquable. Il ressemble à l’Albatros de Baudelaire. Sa beauté est aussi maladroite que belle sa maladresse… Or, il s’agissait, pour Baratier, d’aller plus loin même que la sincérité. » Cinquante-cinq ans après, Goha a retrouvé le public cannois dans une version restaurée par les Archives françaises du film du CNC.

L’origine de goha
Jacques Baratier choisit d’adapter le roman Le Livre de Goha le Simple d’Albert Adès et Albert Josipovici. Mais avant d’être un livre de ces deux auteurs égyptiens, Goha est avant tout un personnage issu de la tradition populaire commune au monde arabe, dont les aventures sont transmises par le bouche à oreille.

Georges Schéhadé
Le cinéaste demande au poète et auteur dramatique libanais Georges Schéhadé d’adapter le roman d’Adès et Josipovici. Jacques Baratier : « Si cet auteur n’avait pas existé, je crois que je n’aurais pas pu réaliser une version française de ce film, car lui seul était capable d’écrire directement en français, et en poète, des dialogues arabes qui n’aient pas l’air traduits, mais vrais. Heureuse rencontre de la poésie et de la réalité. »

Deux futurs grands talents
Dans Goha, Jacques Baratier révèle deux futurs grands noms du cinéma : Omar Sharif dans le rôle de Goha et Claudia Cardinale dans celui d’Amina. Les deux acteurs auront chacun une grande carrière et tourneront avec les plus grands réalisateurs : David Lean, William Wyler, Anthony Mann, Sidney Lumet, Henri Verneuil… pour Omar Sharif, et Mario Monicelli, Luchino Visconti, Luigi Comencini, Federico Fellini, Blake Edwards… pour Claudia Cardinale.

Première production franco-tunisienne
Après avoir fondé sa propre maison de production pour Goha, Les Films Franco-Africains, Jacques Baratier décide en 1956 de démarcher plusieurs pays arabes. C’est en Tunisie qu’il recevra l’aide financière espérée. Le pays, tout juste indépendant, vient de créer un secrétariat d’État à l’Information. Son directeur assure le réalisateur que la société de production en voie de création assurera une partie du financement du film : 15 millions, soit 1/6e du budget. La Société anonyme tunisienne de production et d’expansion cinématographique verra le jour en 1958.


Goha
France, Tunisie, 1958, 1h18, couleurs, format à vérifier avec les infos distributeur
Réalisation : Jacques Baratier
Scénario : Georges Schéhadé d’après le roman Le Livre de Goha le Simple d’Albert Adès et Albert Josipovici
Photo : Jean Bourgoin
Musique : Maurice Ohana
Montage : Léonide Azar
Décors : Georges Koskas
Production : Les Films Franco-Africains, UGC, Secrétariat d’Etat à l’Information du gouvernement tunisien
Interprètes : Omar Sharif (Goha), Zina Bouzaiane (Fulla), Lauro Gazzolo (Taj El Ouloum), Daniel Emilfork (Ibrahim), Gabriel Jabbour (Sayed Khamis), Fatna Bent’Lahsen (Chams), Claudia Cardinale (Amina), Ahmed Zogdan (le patron du café)
Présentation au Festival de Cannes : mai 1959

Sortie en France : 6 mai 1959

Copie restaurée - Association Jacques Baratier

Distributeur : Association Jacques Baratier
Restauration numérique réalisée à partir du négatif original par les Archives françaises du film du CNC, en collaboration avec Diane Baratier, la fille du cinéaste. La numérisation du son (mono d’origine) a également été effectuée. Jacques Baratier tourna ce film dans les deux langues (arabe et français), en signe d’amitié, en signe d’égalité. Les deux versions avaient alors été sauvées par le CNC grâce à la confiance du Ministère de la Culture tunisien.

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