Un espion de la CIA débarque en plein conflit irakien. Il croise une journaliste de gauche anti-Bush avec qui il décide de s’envoyer en l’air au milieu des bombes. C’est le scénario de cette aventure politico-érotique moyen-orientale qu’Alec Baldwin et James Toback essaient de vendre. Le pitch laisse pantois la plupart de leurs interlocuteurs : on assiste notamment à des échanges anthologiques avec des producteurs (« Je me fous du scénario, je ne les lis jamais ») ou de riches mécènes rafistolés et bodybuildés. Mais tout ceci n’est qu’un prétexte. L’idée de départ, c’est la phrase d’Orson Welles : « Je repense à ma vie. J’ai passé 95% de mon temps à essayer de rassembler l’argent pour faire des films, et 5% à vraiment les faire. » Séduits et abandonnés est un voyage exploratoire à travers plusieurs aspects de la planète cinéma : le Festival de Cannes, le cinéma en tant qu’art, l’argent, le glamour, la mort. Tourné pendant le 65e Festival et présenté Hors compétition en 2013, Séduits et abandonnés présente des portraits de réalisateurs, Bernardo Bertolucci, Francis Ford Coppola, Roman Polanski ou Martin Scorsese, qui racontent leur combat incessant pour continuer à faire leurs films. Des portraits d’acteurs également : Ryan Gosling, Jessica Chastain, Bérénice Bejo, Diane Kruger ou James Caan. Toback explique à leur propos : « J’ai toujours senti que l’on obtient beaucoup plus des acteurs quand on encourage les surprises qu’ils apportent. J’ai donc appliqué cette réflexion pour les interviews. J’ai aussi eu l’avantage d’interviewer des gens qui se délectent de l’opportunité de parler de choses qui leur importent. » Entre documentaire et commentaire, Séduits et abandonnés porte un regard amusé sur le plaisir et la difficulté de faire des films. On se retient d’éclater de rire, pour plonger dans la mémoire, l’argent, la liberté, le destin, le mercantilisme, les confessions et la débrouille qui ont nourri de grands films. De ce film, on retient la passion pour le cinéma.
Vrai projet ou prétexte pour le documentaire ?
Last Tango in Tikrit, le projet pour lequel James Toback et Alec Baldwin recherchent un financement, raconterait la rencontre entre un ancien agent de la CIA et une journaliste de gauche. Rencontre qui se poursuivrait en histoire d’amour, avec en fond, l’Irak en guerre. Vrai ou faux projet, ce film est avant tout un MacGuffin idéal pour Séduits et abandonnés.
Tournage cannois
James Toback et Alec Baldwin bénéficient d’un accès libre aux différentes sections du Festival de Cannes, mais d’un temps limité pour tourner. James Toback : « La plupart du temps, nous nous contentions de flâner dans les différents événements où l’on nous confondait avec d’autres équipes. » Les entretiens avec les réalisateurs et acteurs sont réalisés, quant à eux, dans un appartement de la Croisette.
Emprunt
Seduced and abandoned est déjà le titre en anglais de Sedotta e abbandonata de Pietro Germi (1964). Mais James Toback aime l’idée de ce titre pour un film sur Cannes. Le cinéaste : « Il résume ce qu’est l’industrie des films : c’est un amant qui vous attire à lui, vous séduit et vous abandonne, mais vous y retournez encore et encore... »
Séduits et abandonnés (Seduced and Abandoned)
États-Unis, 2013, 1h40, couleurs, format 2.35
Réalisation & scénario : James Toback
Photo : Ruben Sluijter
Musique : Dmitri Shostakovich
Montage : Aaron Yanes
Décors : Frederic Berge
Costumes : James Acheson
Production : Michael Mailer, Alec Baldwin, James Toback, HBO, Michael Mailer Films
Avec la participation de : Alec Baldwin, Martin Scorsese, Bernardo Bertolucci, Ryan Gosling, Francis Ford Coppola, Roman Polanski, Jessica Chastain, Diane Kruger, Bérénice Bejo
Présentation au Festival de Cannes : 20 mai 2013
Avant première - HanWay Films
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