Billetterie

Sonate d’automne

Herbstsonat / Höstsonaten

de Ingmar Bergman , Suède , 1978

Eva (Liv Ullmann), épouse d’un pasteur de campagne, invite sa mère Charlotte (Ingrid Bergman), pianiste de renommée internationale, à lui rendre visite. C’est la première fois qu’elles se retrouvent, après sept ans de séparation. Mais Charlotte semble contrariée par la présence de sa cadette, Helena (Lena Nyman), handicapée. Les retrouvailles qui s’annonçaient affectueuses et chaleureuses tournent alors à la confrontation entre mère et fille, Charlotte découvrant la rancœur cachée de sa fille, entretenue pendant de longues années de silence.

sonate-automneDans les années 1970, la notoriété internationale de Bergman est à son apogée. Mais la souffrance est toujours là, accentuée par l’humiliation publique que le fisc suédois lui inflige en l’accusant (à tort) de fraude fiscale et en l’arrêtant. Il décrit l’épisode de façon saisissante dans Laterna magica. Bergman s’exile à Munich : il y dirigera le théâtre municipal et tournera un film "international " (trop souvent sous-estimé) : L’Œuf du serpent, produit par Dino de Laurentiis. Directement sollicité par Ingrid Bergman, il accepte de faire un film avec elle en langue suédoise, qu’il tournera en Norvège et non en Suède. Comme partenaire d’Ingrid, pour son grand retour au cinéma nordique, Bergman choisit Liv Ullmann : « C’est un film pour deux actrices, pour deux violoncelles plutôt, parce que le son en est grave. Il peut paraître pessimiste, mais si je l’ai réussi, ce sera mon film le plus optimiste » déclare celui qui, à plusieurs reprises, définira ses personnages comme des handicapés du sentiment. Le film est très attendu : quoi de mieux de voir enfin les "deux Bergman" travailler ensemble ? C’est une fois de plus une grande réussite, percutante, et qui connaîtra un succès international. L’attente des retrouvailles entre la mère et la fille s’effectue dans une confrontation à huis clos : « Une mère et une fille… » dit le personnage d’Eva «…quel effroyable amalgame de sentiments, de destruction. Le malheur de la fille, c’est le triomphe de la mère, le chagrin de la fille, la volupté secrète de la mère.» Eva n’a pas revu sa mère depuis longtemps, sept ans de réflexion qui ont abouti à une extrême amertume. Roberto Rossellini définissait le vrai réalisme par une vision morale humaniste. Avec ce huis clos, Bergman semble accéder à ce point de vue. Dans une atmosphère étouffante, il analyse encore une fois les tréfonds du cœur humain. Une photographie somptueuse soutient le récit, insistant aussi bien sur l’asphyxie des émotions que sur la chaleur des couleurs automnales des paysages scandinaves : « Aux fondus rouges de Cris et chuchotements, spectaculaires et déchirants, écrit Robert Benayoun, Bergman substitue cette fois un permanent crépuscule à la Vermeer, des intérieurs nimbés d’une lueur vacillante, et des groupes musicaux figés dans la contemplation : Leonardo jouant du Bach au violoncelle, dans un intérieur flamand typique, conjugue toutes les nuances de cet art condamné et exonéré au nom d’une souffrance immuable… et inutile. » Campant un personnage de mère détruite par la révélation de la vérité, Ingrid Bergman a des débuts difficiles sur le plateau, mais Bergman la trouve « difficile mais extraordinaire ». Déjà malade du cancer qui l’emportera, elle fait ses adieux au cinéma et offre une partition saisissante, conclusion en forme de retour aux sources d’une carrière légendaire commencée dans son pays dans les années 1930.

Retour au pays, retour à l’inspiration suédoise
En janvier 1976, alors qu’il est en répétition au théâtre, Bergman est arrêté, interrogé, interdit de sortie du territoire. Accusé de fraude fiscale, il est menacé de deux ans de prison. Malgré une première disculpation, l’administration s’acharne et l’artiste, meurtri, annonce en avril qu’il quitte la Suède. Il s’installe à Munich où il tourne L’Œuf du serpent (The Serpent’s Egg, 1977), dans un style loin de son univers – ce qui n’en pas fait pas un mauvais film comme on le dit, tout « non-bergmanien » qu’il soit. Son innocence reconnue (même si sa complète disculpation n’interviendra qu’en 1979), Bergman rentre en Suède après avoir tourné à Oslo, mais en langue suédoise, cette Sonate d’automne, huis clos sur les blessures et les secrets familiaux.

Bergman et Bergman
L’actrice et le réalisateur s’étaient promis de travailler ensemble. Grâce à ce rôle de pianiste, la plus célèbre actrice suédoise tourne de nouveau dans sa langue maternelle. La sortie du film insistera sur cette première et unique collaboration des deux Bergman. Éblouissante dans ce rôle de mère découvrant, tel le professeur Borg des Fraises sauvages, les conséquences de son égoïsme et ainsi amenée à faire un bilan de sa vie, Ingrid Bergman se fond avec aisance dans l’univers du cinéaste.

La boîte en fer d’Ingrid Bergman
L’actrice ne se séparait jamais d’une petite boîte en fer blanc contenant quelques bouts de pellicule. Il y avait là des morceaux de son enfance et de son adolescence, quinze minutes dans lesquelles on la voyait bébé, enfant en deuil de sa mère ou adolescente au piano. Ces plans lui venaient de son père, photographe et cinéaste amateur à ses heures. Le réalisateur lui proposera de prolonger la vie de ses souvenirs : « Et ce n’est pas sans difficultés que je pus obtenir de l’emprunter pour faire une nouvelle copie de cette bande usée qui menaçait de s’effacer » écrira-t-il.

Sonate d’automne (Herbstsonat / Höstsonaten)
République fédérale d’Allemagne, 1978, 1h39, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation & scénario : Ingmar Bergman
Photo : Sven Nykvist
Musique : Frédéric Chopin (Prélude n° 2), Jean-Sébastien Bach (Suite n° 4), Georg Friedrich Händel (Sonate Opus 1)
Montage : Sylvia Ingemarsson
Décors : Anna Asp
Costumes : Inger Pehrsson
Production : Ingmar Bergman, Incorporated Television Company (ITC), Personafilm
Interprètes : Ingrid Bergman (Charlotte Andergast), Liv Ullmann (Eva), Lena Nyman (Helena), Halvar Björk (Viktor), Gunnar Björnstrand (Paul), Erland Josephson (Josef), Linn Ullmann (Eva enfant), Knut Wigert (le professeur), Georg Løkkeberg (Leonardo), Eva von Hanno (l’infirmière), Mimi Pollak (le professeur de piano), Marianne Aminoff (la secrétaire de Charlotte)


Sortie en Suède : 8 octobre 1978
Sortie en France : 11 octobre 1978

COPIE  RESTAURÉE
Svenk Filmindustri StudioCanal

En partenariat avec StudioCanal, copies restaurées par Svensk Filmindustri
Distributeur : StudioCanal
La restauration a débuté en reprenant le négatif 35mm qui a été scanné en fichiers dpx 2K. Un master a été créé à partir des fichiers en utilisant, quand cela était possible, le matériel de référence. Après cette étape, le principal outil de restauration, Phoenix, a permis de supprimer toute poussière, rayure et autres défauts. Un Master a été créé sur support HDCAM SR et archivé les fichiers 2K sur support LTO.



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