Billetterie

Scarface

de Brian De Palma , États-Unis , 1983

1980. Lors de l’exode du port de Mariel, de nombreux opposants cubains quittent leur pays pour émigrer vers les États-Unis. Fidel Castro profite de l’occasion pour se débarrasser de quelques prisonniers de droit commun, dont le plus ambitieux de tous, Tony Montana (Al Pacino), petit malfrat issu de la rue, ainsi que de son ami Manny (Steven Bauer). Arrivé à Miami, Tony Montana, sans scrupules, décide de devenir le chef de la pègre. Pour cela, le plan est simple : avoir un allié sûr, Manny ; ensuite être engagé par un chef de bande respecté, Frank Lopez (Robert Loggia) ; puis l’éliminer et – pourquoi pas ? – épouser sa sublime veuve (Michelle Pfeiffer).

scarfaceEntre deux hommages à Hitchcock, (Sœurs de sang - Sisters, 1973, Body Double, 1984), Brian de Palma décide de tourner ce scénario d’Oliver Stone, remake du film d’Howard Hawks (1932). Il le transpose des années 1930 aux années 1980, de Chicago à Miami, avec des Cubains à la place des Italiens. L’accueil est partagé : « Le public américain blanc n’est pas allé voir Scarface. Celui des ghettos et des centres urbains lui a en revanche fait un triomphe. Le film de De Palma a frappé l’inconscient des minorités noires et hispaniques. Pour la première fois depuis l’ère des films de la Blaxploitation dans les années 1970, un film hollywoodien s’intéressait à l’univers du ghetto. Scarface offrait aussi de manière très subversive une alternative au mode de vie blanc. Il suffisait pour goûter au rêve américain de s’armer d’un M-16 et de se lancer dans le commerce de la cocaïne. » Samuel Blumenfeld (Le Monde, mai 1999). Le film est indissociable d’Al Pacino, qui trouve dans ce personnage le rôle emblématique de sa carrière. Mais avant d’être un film culte, c’est avant tout un grand film, truffé de références, qui marqua un jalon dans l’histoire du cinéma. « C’est dans Scarface que l’influence de Peckinpah sur De Palma se fait le plus ressentir, à cause de ce mélange de trivialité et de sophistication, qui débouche sur une esthétique à la fois spectaculaire et distanciée de la violence. » (Olivier Père, Les Inrockuptibles, avril 1999). Film scandale classé X à sa sortie américaine, Scarface reste pourtant un film profondément moraliste quant au destin de son héros. C’est aussi une grande fresque criminelle, qui a marqué une nouvelle histoire de fin de siècle en Amérique aux côtés des films de la trilogie du Parrain (1972, 1974 et 1990), d’Il était une fois en Amérique (1984) et des Affranchis (1990). La pérennité du film, devenu référence de la culture rap, cité dans les clips et les chansons, est stupéfiante. La "Tony Montana attitude" a gagné toute une génération qui a fait des gestes et paroles d’Al Pacino une véritable religion du comportement.

Un très mauvais accueil à la sortie…
À sa sortie, Scarface est mal reçu par le grand public. La mode des films  très violents est passée et le public WASP boude le film. La censure d’ailleurs s’acharne : après avoir essuyé plusieurs tentatives d’interdictions, il finit par sortir sous la classification X (l’ancêtre du NC-17, la plus sévère du système américain interdisant le film aux moins de 17 ans pour cause de violences). La critique, enfin, salue la virtuosité du réalisateur, mais dénonce la violence qu’il considère comme gratuite et juge sévèrement ce remake de Scarface, chef d’œuvre d’Howards Hawks (1932).

… Pour un film devenu culte
Le film bénéficie cependant rapidement d’un excellent bouche à oreille dans les ghettos noirs et hispaniques et d’un franc succès lors de sa sortie vidéo.  Depuis, réhabilité par les cinéphiles, il est également devenu un film culte pour le milieu hip-hop, abondant de références à des valeurs devenues clés. La devise de Tony Montana « The world is yours » est d’ailleurs reprise dans les paroles de plusieurs chansons et la musique du film, ainsi que les dialogues, samplés par certains artistes.

Un scénario en immersion
À la demande du producteur Martin Bregman, Oliver Stone se voit confier le scénario du film. Afin de coller à la réalité du sujet, il décide de mener une enquête approfondie dans tous les camps. Dans un premier temps, il rencontre des agents fédéraux, des agents des narcotiques, de la criminelle… Puis, dans un second temps, il passe de l’autre côté de la barrière et fréquente, pendant deux mois, les bas-fonds de Miami, de l’île de Bimini dans les Caraïbes et d’Amérique Latine : des jeunes bandidos qui déchargent la marchandise pour quelques dollars aux cerveaux qui organisent, en passant par les dealers, il réussit à rencontrer toute la filière. Oliver Stone : « J’essayais de ne pas trop penser aux risques que je prenais. Je sentais néanmoins que je jouais avec ma vie ! […] Dans ce milieu, un témoin gênant disparait très vite ! »

Tony Montana
Ce rôle a profondément marqué la carrière et la vie d’Al Pacino. « Les gens m’arrêtent dans la rue et me récitent des dialogues entiers du film, jamais je n’aurais cru que ce rôle puisse marquer à ce point l’inconscient collectif. » Les dialogues ont largement participé au succès auprès du public mais ont aussi marqué la profession. Brian De Palma : « Désormais, à chaque fois que je croise un acteur, il me fait une imitation de Tony Montana. Bruce Willis fait un Tony Montana très crédible. Tom Cruise en donne une version très intense, alors qu’Alec Baldwin va d’avantage vers l’intériorisation… »




Scarface
États-Unis, 1983, 2h45, couleurs (Technicolor), format 2.35
Réalisation : Brian De Palma
Scénario : Oliver Stone d’après le roman Scarface d’Armitage Trail
Photo : John A. Alonzo
Musique : Giorgio Moroder
Montage : Jerry Greenberg, David Ray
Décors : Edward Richardson, Bruce Weintraub
Costumes : Patricia Norris
Production : Martin Bregman, Peter Saphier, Universal Pictures
Interprètes : Al Pacino (Tony Montana), Steven Bauer (Manny Ribera), Michelle Pfeiffer (Elvira Hancock), Mary Elizabeth Mastrantonio (Gina Montana), Robert Loggia (Frank Lopez), Miriam Colon (Madame Montana, la mère de Tony et de Gina), F. Murray Abraham (Omar Suarez), Paul Shenar (Alejandro Sosa), Harris Yulin (Mel Bernstein), Ángel Salazar (Chi Chi), Arnaldo Santana (Ernie), Pepe Serna (Angel), Michael P. Moran (Nick "The Pig"), Al Israel (Hector "The Toad"), Dennis Holahan (Jerry, le banquier)

Avant-première à New York : 1er décembre 1983
Sortie aux Etats-Unis : 9 décembre 1983
Sortie en France : 7 mars 1984

Distributeur : Splendor Films
En avant-première de réédition le 30 octobre 2013.
Restauration numérique et remasterisation du son en Dolby 7.1.




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