Billetterie

Rome, ville ouverte

Roma, città aperta

de Roberto Rossellini , Italie , 1945

Rome, hiver 1944. Giorgio Manfredi (Marcello Pagliero), ingénieur communiste, est traqué par les autorités allemandes qui occupent la ville : les SS le soupçonnent d’être membre de la Résistance. Manfredi se réfugie chez son ami Francesco (Francesco Grandjacquet), ouvrier typographe, et sa fiancée Pina (Anna Magnani), une veuve, mère d’un petit garçon. Pina met Manfredi en relation avec Don Pietro (Aldo Fabrizi), le curé de la paroisse, qui doit l’aider à se cacher. Mais la maîtresse de Manfredi décide de tous les dénoncer.

rome-ville-ouverteL’histoire de Rome, ville ouverte est totalement indissociable des tourments de l’Histoire. Le tournage débute en janvier 1945, tandis que les troupes allemandes occupent la moitié nord de l’Italie. Rome a été libérée par les Alliés, et est désormais dirigée par des partis antifascistes. Le tournage prend fin le printemps suivant, coïncidant avec la mort de Mussolini et la capitulation allemande. L’industrie cinématographique est détruite et les moyens nécessaires font défaut : studios en ruines, manque de pellicule, d’électricité et de vedettes confirmées. Roberto Rossellini décide donc de travailler avec des comédiens peu ou pas connus, et de tourner en décors naturels. Rome, ville ouverte est considéré comme le début et le manifeste du néoréalisme : « On y voit à l’œuvre ce qui plaira beaucoup au critique français André Bazin, un montage réduit au minimum, qui, pour le père spirituel de François Truffaut, permet à une réalité sans apprêt de se manifester pleinement. » (Edouard Waintrop, Libération, juillet 2007). Des années après, Rossellini sera considéré comme un maître incontesté pour nombre de cinéastes de la Nouvelle Vague. Avec ce film, il trace le récit légendaire du combat contre le nazisme. À l’aide de ces deux personnages emblématiques de la société italienne (un prêtre et un ingénieur communiste), Rossellini contribue à unifier l’Italie. Peu de films auront autant marqué l’histoire du cinéma. Rossellini admettra que le film « fit plus que tous les discours de notre ministre des Affaires étrangères pour que l’Italie retrouve sa place dans le concert des nations. » Ce film est un joyau incontournable, tant pour l’appel à la résistance qui l’habite que pour la suprématie du réel qu’il véhicule : le cinéma descend dans la rue, et touche à l’émotion absolue. La scène de la mort de Pina, interprétée par Anna Magnani qui deviendra l’égérie de l’Italie, constitue un souvenir anthologique. La copie présentée au festival Lumière 2013 est le fruit d’une restauration achevée cette année par la Fondazione Cineteca di Bologna, CSC-Cineteca Nazionale, Coproduction Office e Istituto Luce Cinecittà al laboratorio L’Immagine Ritrovata, d’après les négatifs originaux conservés à la Cineteca Nazionale à Rome.

Quatre scénaristes ?
Pendant longtemps, le fait que Rossellini ait fait appel à trois scénaristes extérieurs pour l’aider est resté un mystère. Le cinéaste s’en est expliqué bien plus tard : « Mon film avait besoin de la bienveillance des partis politiques d’après-guerre. Or Fellini passait pour un socialiste, Consiglio pour communiste, Amidei pour radical. Et j’avais de bonnes amitiés dans la démocratie chrétienne.  »

Faits réels
Roberto Rossellini s’inspire de plusieurs faits réels pour écrire son histoire et ses personnages. L’histoire de Pina fait écho à l’assassinat en pleine rue d’une femme enceinte, Teresa Gullace, celle de Don Pietro à l’exécution de Don Giuseppe Morosini, et c’est le récit du partisan Celeste Negarville qui inspire le personnage de Manfredi.

Premier festival de cannes
Le film est sélectionné lors du tout premier Festival de Cannes en septembre 1946, et y est récompensé par le Grand Prix.

En famille
C’est Renzo Rossellini, le frère de Roberto, qui compose la musique de Rome, ville ouverte. Il signera de nombreuses musiques pour les films de son frère, comme Païsa (Paisà, 1946), Allemagne année zéro (Germania, anno zero, 1948), Stromboli (1950), La machine à tuer les méchants (La macchina ammazzacattivi, 1952)…

Parcours personnel
Selon la biographie (définitive) de Tag Gallagher, le jeune Rossellini était détenteur d’une carte du parti fasciste. Et il a réalisé, entre 1941 et 1943, trois films de propagande, sur l’armée, la marine et l’aviation fascistes. Ça n’empêche pas d’être celui qui réalise Rome, ville ouverte quelques années plus tard. Mais ça n’a pas à être caché.

Symbole
Pour célébrer le 50e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement italien choisit la célèbre photo de Pina courant après son époux et abattue par un nazi. Le plan séquence le plus célèbre du film, image phare du néoréalisme italien, devient symbole de paix.





Rome, ville ouverte (Roma, città aperta)
Italie, 1945, 1h40, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Roberto Rossellini
Assistants réalisation : Federico Fellini, Sergio Amidei
Scénario : Sergio Amidei, Alberto Consiglio, Roberto Rossellini, avec la collaboration de Federico Fellini
Photo : Ubaldo Arata
Musique : Renzo Rossellini
Montage : Eraldo Da Roma
Décors : Renato Megna
Production : Carla Politi, Aldo Venturini, Excelsa Film
Interprètes : Aldo Fabrizi (Don Pietro Pellegrini), Anna Magnani (Pina), Marcello Pagliero (Giorgio Manfredi / Luigi Ferraris), Harry Feist (le major Bergmann), Francesco Grandjacquet (Francesco), Maria Michi (Marina Mari), Giovanna Galetti (Ingrid), Vito Annichiarico (Marcello), Carla Rovere (Lauretta), Nando Bruno (Agostino, le sacristain), Eduardo Passarelli (le brigadier), Carlo Sindici (le commissaire), Akos Tolnay (le déserteur autrichien), Joop Van Hulzen (le major Hartmann)

Présentation au Festival de Cannes : septembre 1946
Sortie en Italie : 27 septembre 1945
Sortie en France : 13 novembre 1946

COPIE RESTAURÉE
Cineteca di Bologna
Cineteca Nazionale

Distributeur : Films Sans Frontières
La restauration numérique en 4K a été réalisée par la Fondazione Cineteca di Bologna, CSC - Cineteca Nazionale, Coproduction Office et l’Istituto Luce Cinecittà au laboratoire L’Immagine Ritrovata, à partir des négatifs originaux conservés à la Cineteca Nazionale.


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