Pierrot le fou c’est la rencontre éclatante entre deux jeunes comédiens emblématiques de la Nouvelle Vague, Anna Karina et Jean-Paul Belmondo. Du film, on ressort bouleversé par l’éclat des couleurs, la vitalité des acteurs, la liberté et le souffle de la mise en scène, l’intensité de cette histoire d’amour sur fond de complots et de trafics, et la tête pleine de ses chansons légères et tragiques.
« J’avais à peine seize ans. J’allais au cinéma depuis ma toute jeunesse. Je voyais des films, le tout-venant, films de genre, westerns, films avec Jerry Lewis, ou encore des péplums. Et puis est arrivé Pierrot le fou. J’allais le voir dans une salle de cinéma à Grenoble, la ville où j’habitais. Je suis sorti de cette séance chamboulé, bouleversé : je n’étais plus le même. Dans ma vie de spectateur, il y a un avant Pierrot le fou, et un après. Pour la première fois, j’ai ressenti et entendu, à travers les images et les sons, les couleurs et le bleu de la Méditerranée, quelque chose comme la voix silencieuse d’un cinéaste poète qui me disait autre chose. Ce film me disait que le monde était désordre et violence, que l’amour de Marianne pour Pierrot-Ferdinand cachait aussi la trahison, que le bleu du ciel était le même que celui dont Pierrot se peint le visage avant de mourir. Et que tout cela n’était que Beauté. Cet homme invisible qui avait pour nom Jean-Luc Godard me prenait par la main, pour m’entraîner dans une zone secrète et mystérieuse où j’avais le sentiment de n’être encore jamais allé. » Serge Toubiana, Directeur de la Cinémathèque française, dans La Renaissance de Pierrot.
Pierrot le fou de nouveau dans sa beauté originelle. Aragon écrivait que « Godard, c’est Delacroix ». Grâce à la restauration réalisée par Studio Canal et la Cinémathèque française, Pierrot le fou retrouve ses couleurs, celles de la peinture moderne et du chef opérateur Raoul Coutard, qui fut aussi celui du Mépris.
De Sylvie à Anna
Le rôle principal féminin était prévu pour Sylvie Vartan. Mais elle a refusé. Le rôle masculin, lui, s’accordait bien avec la forte personnalité de Richard Burton. Mais Jean-Luc Godard le trouvait trop « hollywoodé ». Godard a finalement choisi de reprendre les deux interprètes d’Une femme est une femme, Anna Karina et Jean-Paul Belmondo, et a modifié l’histoire en fonction. Il faut dire qu’il tournait sans scénario préétabli et considérait le film comme « un grand happening ».
Du roman au film
Lionel White, l’auteur du roman Obsession dont est tiré le film a toujours obstinément refusé de vendre les droits de son livre. Godard a dû aller le rencontrer personnellement pour le convaincre, même si l'écrivain n’aimait pas le cinéma.
Interdiction
Le film fut interdit aux moins de 18 ans à cause de son « anarchisme intellectuel et moral ».
Pierrot le fou
France, 1965, 1h55, couleurs (Eastmancolor), format 2.35
Réalisation & scénario : Jean-Luc Godard d’après Obsession de Lionel White
Assistant réalisation : Jean-Pierre Léaud
Photo : Raoul Coutard
Musique : Antoine Duhamel
Montage : Françoise Collin
Décors : Pierre Guffroy
Production : Georges de Beauregard et Dino De Laurentiis, Films Georges de Beauregard, Rome Paris Films, Société Nouvelle de Cinématographie, Dino de Laurentiis Cinematografica
Interprètes : Jean-Paul Belmondo (Ferdinand), Anna Karina (Marianne), Dirk Sanders (le "frère"), Raymond Devos (l’homme du port), Laszlo Szabo (l’exilé politique), Jean-Pierre Léaud (le jeune homme dans le cinéma), Samuel Fuller (lui-même)
Sortie en France : 5 novembre 1965
Copie restaurée - StudioCanal - Cinémathèque française
Distributeur : Carlotta Films
Copie restaurée par StudioCanal et la Cinémathèque française, avec le soutien du Fonds Culturel Franco-Américain.
Films français avec possibilité de sous-titres Anglais
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