Parade

On ne présente plus Jacques Tati et son univers reconnaissable entre tous, entre rêverie poétique et geste comique unique, héritage du cinéma burlesque américain. « À l’instar de Buster Keaton, le gag chez Tati était un véritable petit scénario en soi. […] Tati a nourri son cinéma de son expérience du music-hall. La réalisation d’un film comique est un travail artisanal : c’est un tout indissociable. » (Pierre Étaix, Arte, janvier 1994). L’œuvre la plus connue de Tati, c’est la série de films centrés sur le personnage de Monsieur Hulot, série qui commence en 1953 avec Les Vacances de Monsieur Hulot, et se poursuivra avec Mon oncle en 1958 et Playtime en 1967. Le quatrième et dernier volet, Trafic, sort en 1971 et s’attaque à la mythologie aliénante de l’automobile. L’ultime film de Tati, Parade, est tourné à Stockholm, en vidéo mobile, avec un budget restreint. C’est un spectacle de variétés où Hulot devient Monsieur Loyal. « Tour à tour clown blanc et Auguste, sportif empoté, pragmatique et lunaire, toujours cabot, mais toujours modeste, le personnage récapitule quarante années d’incertitude sur lui-même et signe de sa haute silhouette le paraphe d’une légende. » (Cinématographe, décembre 1981). À travers cette représentation du cirque, dans laquelle Tati glisse également certaines de ses célèbres pantomimes, on sent une pointe de nostalgie. Le film est l’aboutissement d’un style et l’achèvement d’un univers si particulier. Tati déclara que la grande satisfaction de son existence « aura été de faire rire les gens sans vulgarité. Quel beau programme ce serait de faire que les gens aient le sourire et soient heureux de se retrouver ensemble ! » Un pari amplement atteint avec Parade.

Pionnier de la vidéo
Pour Parade, Jacques Tati filme pour la première fois en vidéo. Plus rapide et donc moins coûteux, ce procédé fait de lui un pionnier dans le cinéma français.

Farandole à Cannes
Lors de la présentation du film au Festival de Cannes en mai 1974, le Grand Magic Circus s’invite sur la Croisette afin de soutenir le cinéaste. Jacques Tati monte ainsi les marches, accompagné de danseurs et de saltimbanques, au son de la bossa de la fanfare, le tout orchestré par le metteur en scène Jérôme Savary.