Billetterie

Pain et chocolat

Pane e cioccolata

de Franco Brusati , Italie , 1974

Nino (Nino Manfredi) a quitté l’Italie depuis trois ans, laissant derrière lui une femme et deux enfants, avec le projet de faire fortune en Suisse. Serveur dans un grand restaurant, il est en butte à des tracasseries quotidiennes, tant de la part de ses supérieurs que de ses collègues. Malgré la xénophobie ambiante, il se démène pour satisfaire ses clients comme sa direction. Un jour cependant, son patron le renvoie, l’accusant d’avoir uriné contre un mur. Nino, décide une nouvelle fois de tenter sa chance dans ce pays et sollicite l’hospitalité d’une refugiée grecque, Elena (Anna Karina).

pain-et-chocolatDans cette comédie de Franco Brusati, dans laquelle le cinéaste s’intéresse à l’émigration italienne en Suisse, Nino Manfredi, immense artiste transalpin, interprète un anti-héros, honnête travailleur opprimé, en proie à un sentiment d’infériorité qui ne le lâche pas. De cette impression tenace vont naître des situations cocasses, plus loufoques les unes que les autres, accueillies par les Suisses avec le plus grand mépris. « Nino ira notamment jusqu’à se faire éclaircir les cheveux et à parler allemand, afin de cacher ses origines méditerranéennes tout autant aux autres qu’à lui-même, et finalement rester en Suisse malgré le mépris qu’il y subit, et sa nostalgie de l’Italie. C’est un film qui cache une certaine angoisse, et qui emporte le public grâce à la relation sadomasochiste comique que le réalisateur a créé avec son protagoniste. » (Alberto Moravia). Anna Karina incarne une jeune émigrée dont la volonté d’intégration est tout aussi forte que celle de Nino, mais dont les armes diffèrent. En effet, plutôt que d’entrer en confrontation permanente avec des personnes qui ne souhaitent pas sa présence, elle choisit la lutte patiente, au jour le jour. Le duo formé par Elena et Nino est tout aussi poétique que drôle, et permet de faire, au-delà de l’entraide, une véritable rencontre. En ne choisissant pas le ton direct d’un film à connotation sociale, Brusati parvient avec légèreté à mêler le tragique à l’humour, et atteint sans doute son ambition avec plus d’efficacité : « Le rire prêt à fuser reste dans la gorge, devant la gravité de certaines situations. Personne déplacée du système économique, étranger sur la Terre, Nino, quoi qu’il fasse, légalement ou clandestinement, est seul. La vérité sociale qui jaillit ici et l’interprétation de Nino Manfredi provoquent un bouleversement intérieur. » (Jacques Siclier)

Nino Manfredi
Acteur italien d’origine modeste, Nino Manfredi connaît son premier succès au cinéma en 1955 avec Les Amoureux (Gli innamorati) de Mauro Bolognini. Puis, il y a Nous nous sommes tant aimés en 1974 (C’eravamo tanto amati d’Ettore Scola), Affreux, sales et méchants en 1976 (Brutti, sporchi e cattivi, également d’Ettore Scola) et tant d’autres… Il passe aussi derrière la caméra et réalise trois films dont Miracle à l’italienne (Per grazia ricevuta) en 1971.

Réception
Pain et chocolat est un immense succès à sa sortie en Italie. Les récompenses tombent par dizaine, dont le prestigieux Ours d’argent au Festival de Berlin. Mais le film ne sort en France qu’en février 1977. Il aura donc fallu près de trois ans pour trouver un distributeur à ce film multi-récompensé !

Restauration
C’est la Cinémathèque de Bologne qui a restauré le film, un établissement dirigé par Gianluca Farinelli qui, aux prouesses techniques du laboratoire L’Imagine Ritrovata, ajoute un goût brillant et permanent.


 

Pain et chocolat (Pane e cioccolata)
Italie, 1974, 1h40, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation : Franco Brusati
Scénario : Franco Brusati, Nino Manfredi, Jaja Fiastri
Photo : Luciano Tovoli
Musique : Daniele Patucchi
Montage : Mario Morra
Décors : Luigi Scaccianoce, Bruno Cesari
Costumes : Guido Patrizio
Production : Maurizio Lodi-Fè, Verona Produzione
Interprètes : Nino Manfredi (Nino Garofoli), Anna Karina (Elena), Johnny Dorelli (l’industriel), Paolo Turco (Gianni), Ugo D’Alessio (le vieil homme), Tano Cimarosa (Giacomo), Gianfranco Barra ("le Turc"), Giorgio Cerioni (l’inspecteur de police), Francesco D’Adda (Rudiger), Geoffrey Copleston (Boegli), Federico Scrobogna (Grigory), Max Delys (Renzo), Umberto Raho (le responsable de l’hôtel particulier), Manfred Freyberger (le sportif suisse), Cyrus Elias (Michele), Giorgio Dolfin (Paolo), Patrizia Giammei (Mara)

Présentation au Festival de Berlin : juin 1974
Sortie en Italie : 18 janvier 1974
Sortie en France : 23 février 1977

COPIE RESTAURÉE
Cineteca di Bologna
Cineteca  Nazionale

La restauration numérique en 2K a été réalisée par la Fondazione Cineteca di Bologna, CSC - Cineteca Nazionale de Rome et Lucky Red au laboratoire L’Immagine Ritrovata (Bologne) à partir des éléments conservés à la Cineteca Nazionale, avec la collaboration de Paramount Pictures Corporation, Vivendi S.A. et la famille Manfredi.


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