Peut-être le seul film de l’histoire du cinéma accessible aux enfants de 4 ans et qui soit un chef-d’œuvre absolu, entrainant toutes les générations dans un univers sensible et poétique qui fait vibrer la part d’enfance de chacun. Pour autant, Mon voisin Totoro vient d’un pays où le cinéma d’animation est un genre qui, depuis longtemps, n’est pas considéré comme réservé aux enfants. Comme l’explique à l’époque le réalisateur René Laloux dans Positif : « Chez eux, de l’autre côté de la planète, les adultes vont au cinéma pour voir les longs métrages d’animation et ils ne trouvent pas nécessaire de se justifier en y traînant les enfants. »
Lors de sa sortie française, le public découvre, intrigué et ravi, l’univers de Miyazaki, qui mêle la tradition shintoïste de son pays (et son rapport particulier à la Nature, peuplée d’esprits protecteurs) avec un sens du merveilleux plus occidental. De cette double influence, il tire un bestiaire étonnant : Totoro lui-même, mais aussi les noiraudes, petits esprits de poussière noire, ou l’incroyable chat-bus à six pattes, cousin nippon du chat de Cheshire d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. C’est le début d’une longue histoire d’amour, passionnée, avec les œuvres de Miyazaki. Mon voisin Totoro pose les bases du langage visuel et des thématiques que Miyazaki ne cessera de développer dans chacun de ses films, tous attendus comme des événements. Dans cette œuvre d’une immense richesse, la préoccupation écologique est permanente. Mon voisin Totoro s’adresse avant tout aux enfants (mais aussi aux parents), et le cinéaste rêve pour eux d’une enfance idéale : « Personnellement, j’aimerais que les enfants restent proches de la Nature et que, se délectant de seulement deux ou trois films d’animation par an, ils puissent s’en émerveiller ».
Enfance japonaise
Si Mon voisin Totoro ne relate pas directement les souvenirs d’enfance de son réalisateur, il y trouve quand même une partie de son inspiration. « Quand j’étais enfant, la maison regorgeait de choses terrifiantes. J’étais convaincu qu’il y avait des fantômes dans la salle de bains et des choses effrayantes dans le grenier. Tous ces éléments m’ont inspiré et je suis persuadé que passer son enfance dans une maison pleine de telles évocations permet à l’imagination des enfants de s’épanouir. »
Succès, popularité et postérité
Mon voisin Totoro remporte un grand succès dans tous les pays où il sera projeté, mais c’est au Japon qu’il devient un véritable phénomène. Dès la première semaine d’exploitation, il fera 600 000 entrées ! Lors de chaque diffusion à la télévision nippone, près de vingt millions de spectateurs se rassemblent devant les aventures des deux fillettes. Déferlante d’un "Totoro power", la chanson du générique de fin, Tonari no Totoro, est depuis reprise dans les écoles maternelles de l’archipel.
Totoro, un emblème
Création datant de 1988, le personnage de Totoro est devenu le symbole de Ghibli : il figure sur le logo du studio et sa représentation grandeur nature accueille les visiteurs du musée Ghibli, bien installé dans sa guérite !
Mon voisin Totoro (Tonari no Totoro)
Japon, 1988, 1h26, couleurs, format 1.85
Réalisation & scénario : Hayao Miyazaki
Direction artistique : Kazuo Oga
Effets spéciaux : Kaoru Tanifuji
Animation : Yoshiharu Sato
Musique : Joe Hisaishi
Montage : Takeshi Seyama
Production : Toru Hara, Tokuma Publishing, Studio Ghibli
Sortie au Japon : 16 avril 1988
Sortie en France : 8 décembre 1999
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox