Billetterie

Les Fraises sauvages

Smultronstället

de Ingmar Bergman , Suède , 1957

Un vieux professeur de médecine, Isak Borg (Victor Sjöström), doit se rendre à Lund où il sera honoré lors de son jubilé. La veille de son départ, il fait un rêve étrange, lui faisant craindre de mourir. Il annule son voyage en avion et décide de traverser le pays en voiture, accompagné de sa belle-fille Marianne (Ingrid Thulin). Ce voyage, ponctué de rencontres et d’incidents, lui permet, entre songes et réalité, de faire son examen de conscience…

les-fraises-sauvagesProtégé par les critiques internationales dithyrambiques du Septième Sceau, Bergman a enfin gagné, dans son pays, une grande liberté auprès des studios. C’est pourtant le moment qu’il choisit pour livrer un film qui ressemble déjà à une fin de parcours, en tous les cas à un jalon, un temps à part. « Tout comme Proust, écrit le critique Peter Cowie, Bergman veut révéler dans ce film sa profonde foi en la vie. Celle-ci contient de nombreux mystères, mais l’homme qui a conscience de sa propre insignifiance dans la vaste structure du monde, a davantage de chances d’être sauvé que l’égoïste ou l’intolérant. » C’est la première fois que le cinéaste choisit pour héros un vieil homme, dont les initiales ne sont autres que "I.B." Le réalisateur, qui va vers ses quarante ans, ne regarde pas le passé avec nostalgie mais livre un film aux accents préfigurateurs : le lent voyage entrepris par le personnage d’Isak est celui d’une vie qui s’achève, où les rencontres sur le chemin ravivent les bribes de son histoire qui le submergent petit à petit. Isak traverse le no man’s land de l’existence comme s’il flottait entre le monde des vivants et celui des morts. Peu estimé par ses proches, il découvre que son apparent égoïsme cache de profondes failles. Des réminiscences, comme autant d’aveux de faiblesse, de déceptions et de tromperies, qui permettent au personnage de se poser des questions existentielles : « Quel type de personne ai-je été ? Qu’ai-je vécu ? » Le bilan n’est pas fameux, et le portrait qu’il dresse est sans concession, révélant un homme qui a tout sacrifié au profit de son travail. « L’autocritique ne s’en tient pas à ce stade préventif, écrit Roger Tailleur. Succédant immédiatement au Septième Sceau, Les Fraises sauvages reprend, en le dilatant, le moment de paix complète où le chevalier goûtait auprès des comédiens les fraises et le lait de l’hospitalité. Le film n’est sans doute que le second terme d’un simple mouvement d’alternance. Le chemin de la vie reste large ouvert devant Ingmar Bergman. » Sans doute l’un des films les plus puissants de l’œuvre bergmanienne, Les Fraises sauvages a notamment obtenu l’Ours d’or au Festival de Berlin en 1958.

Le grand Victor Sjöström
Sur les conseils du producteur Carl Anders Dymling, Ingmar Bergman engage Victor Sjöström, pionnier du cinéma suédois, compagnon d’armes de Mauritz Stiller. Véritable père spirituel du réalisateur, Victor Sjöström s’emparera de ce rôle à bras le corps. Bergman : « Empruntant le rôle de mon père, il occupa mon âme, il s’appropria tout […] Les Fraises sauvages n’était plus mon film, c’était celui de Victor Sjöström. » Ce rôle, dans le premier film de Bergman à aborder profondément le thème de la famille, sera la dernière contribution cinématographique de l’acteur.

Les fraises, fruits chers à Bergman
Les fraises sauvages apparaitront dans trois autres films écrits par Bergman : dans Le Septième sceau, où Mia offre quelques fraises au Chevalier, réconfort lors d’une courte halte, ainsi que dans Jeux d’été (1951) et dans L’Enfant du dimanche (1992).

Les Fraises sauvages (Smultronstället)
Suède, 1957, 1h31, noir et blanc, format 1.37
Réalisation & scénario : Ingmar Bergman
Photo : Gunnar Fischer
Musique : Erik Nordgren, Göte Lovén
Montage : Oscar Rosander
Décors : Gittan Gustafsson
Costumes : Millie Ström
Production : Allan Ekelund, Svensk Filmindustri
Interprètes : Victor Sjöström (Professeur Isak Borg), Bibi Andersson (Sara), Ingrid Thulin (Marianne Borg), Gunnar Björnstrand (Dr. Evald Borg), Jullan Kindahl (Agda), Folke Sundquist (Anders), Björn Bjelfvenstam (Viktor), Naima Wifstrand (Madame Borg, la mère d’Isak), Gertrud Fridh (Karin Borg, l’épouse d’Isak), Max von Sydow (Henrik Åkerman)


Sortie en Suède : 26 décembre 1957
Sortie en France : 17 avril 1959

COPIE  RESTAURÉE
Svenk Filmindustri StudioCanal

En partenariat avec StudioCanal, copies restaurées par Svensk Filmindustri
Distributeur : StudioCanal
La restauration a débuté en reprenant le négatif 35mm qui a été scanné en fichiers dpx 2K. Un master a été créé à partir des fichiers en utilisant, quand cela était possible, le matériel de référence. Après cette étape, le principal outil de restauration, Phoenix, a permis de supprimer toute poussière, rayure et autres défauts. Un Master a été créé sur support HDCAM SR et archivé les fichiers 2K sur support LTO.



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