Premier film policier de Claude Lelouch, le film présente un affrontement permanent entre des personnages de classes sociales différentes, un jeu subtil où l’attente angoissée est contrebalancée par l’humour. C’est également un film sur le temps, la solitude, mais aussi la tendresse et le silence, où les mots sont rares mais utiles. Le héros, interprété magistralement par Jean-Louis Trintignant, est une sorte d’Arsène Lupin des années 1970, courtois et apprécié des femmes. Souhaitant se détacher des films policiers à atmosphère archétypale, Lelouch opte pour une reconversion du voyou dans une réalité quotidienne. Fidèle à son amour du cinéma, Lelouch l’intègre par touches, comme l’illustre la séquence dans la salle de cinéma, où Simon déclenche, par un baiser, une relation qui deviendra une histoire d’amour. « Ce qui reste de ce Voyou, c’est cet exercice plein de virtuosité, de vivacité, avec du suspense et des coups de théâtre qui se succèdent si rapidement qu’il n’y a pas un temps mort. C’est la clarté de l’exposition, en dépit de la complexité relative des faits, c’est l’originalité du ton pour traiter un sujet plus propre à alimenter une histoire sinistre ou franchement drôle que celle-ci, qui reste toujours avec une assurance remarquable aux confins du tragique et du cocasse. Cela exige beaucoup de tact et c’est sans doute aux acteurs qu’en revient le plus grand mérite. » (Actualité, décembre 1970).
QT’s choice
C’est Quentin Tarantino qui a inclus le film de Claude Lelouch dans la programmation du festival Lumière. Un fan qui veut dire au réalisateur, qui sera là, toute la passion qu’il a pour ce film !
Le projet de rapt
Pour ce film, le cinéaste s’est inspiré d’une histoire vraie. Claude Lelouch : « Un jour, un bandit qui sortait de trente ans de prison est venu me voir. Il avait une idée de coup, mais il hésitait : il ne savait pas s’il fallait le réaliser ou me vendre l’idée pour un film. Je lui ai dit qu’il gagnerait davantage en faisant le coup, mais il a choisi l’autre solution. »
Financement
Lelouch a du mal à motiver ses producteurs sur ce projet. Un film sur l’enlèvement d’un enfant, et Jean-Louis Trintignant, habitué aux rôles romantiques, dans celui d’un voyou : rien ne convainc. En fin de compte, le cinéaste propose aux Artistes Associés de n’être payé que sur d’éventuelles recettes en échange de la possibilité de tourner comme il l’entend. En cas d’échec, il remboursera les dettes à la production. Heureuse idée, car le film est un succès public et critique.
Un stagiaire de choix !
Ayant beaucoup entendu parler des méthodes de Claude Lelouch, et surtout de sa direction d’acteurs, Henri-Georges Clouzot, réalisateur du Corbeau (1943), de Quai des Orfèvres (1947) et des Diaboliques (1955), demande au cinéaste la possibilité d’assister au tournage du Voyou !
Le Voyou
France, Italie, 1970, 2h, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation : Claude Lelouch
Assistant réalisation : Claude Pinoteau
Scénario : Claude Lelouch,
Claude Pinoteau, Pierre Uytterhoeven
Photo : Claude Lelouch
Musique : Francis Lai
Montage : Marie-Claude Lacambre
Costumes : Ted Lapidus, Lucie Saint Clair
Production : Alexandre Mnouchkine, Films 13, Les Films Ariane, Les Artistes Associés, Produzioni Europee Associati
Interprètes : Jean-Louis Trintignant (Simon, dit "le Suisse"), Christine Lelouch (Martine), Charles Gérard (Charlot), Danièle Delorme (Janine, la jeune femme du cinéma), Yves Robert (le commissaire), Charles Denner (Gallois), Judith Magre (Mme Gallois), Amidou (Bill), Jacques Doniol-Valcroze (le banquier), Aldo Maccione (Aldo Ferrari), Gabriella Giorgelli (Maria), Luciano Pigozzi (le directeur de la prison), Paul Le Person (le faussaire)
Sortie en France : 20 novembre 1970
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