Avec un parcours longtemps associé à celui de Bertrand Tavernier, qui la découvre au TNP de Villeurbanne et lui donne son premier rôle au cinéma, Christine Pascal (née en 1953 à Lyon – morte à Paris en 1996) était comédienne (L’Horloger de Saint-Paul en 1974, Que la fête commence en 1975, Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard en 1995), scénariste et enfin réalisatrice : elle débute derrière la caméra avec un film très personnel, Félicité, en 1979. Suivront en 1983 La Garce avec Isabelle Huppert, Zanzibar en 1988 avec un formidable Francis Girod, et enfin Le Petit Prince a dit, son film le plus accompli. « Quand j’accompagnais les metteurs en scène dans les festivals, confia-t-elle à Serge Kaganski, j’étais plutôt là pour faire joli que pour parler. Je vivais tout ça assez mal, toute une partie de moi ne s’exprimait pas. La première étape vers la réalisation a été le passage à l’écriture. Sur les tournages, je posais sans arrêt des tas de questions sur la réalisation. Voir les films m’a encore plus apporté. Je ne regardais que la structure, la technique. » Si la maladie d’une fillette est un nœud décisif de l’intrigue, c’est la pulsion de vie et les relations familiales qui sont en jeu dans Le Petit Prince a dit. C’est un film magnifique, d’une grande pudeur, où la cinéaste parvient à nous faire passer du rire franc à l’émotion prenante avec une grande cohérence de mise en scène. Le tout sans faux-semblants et sans ambition péremptoire : « L’émotion naît de tout cela mais refuse la porte ouverte du mélodrame par un trait d’humour, un rythme de comédie, le jeu d’acteurs qui s’investissent avec sincérité et talent dans cette entreprise périlleuse. Christine Pascal évite les pièges de la complaisance et du voyeurisme et traque les états d’âme avec tendresse, sensibilité et discrétion. » (Gérard Camy, Jeune cinéma, juillet 1992). Sélectionné à Cannes en 1992, où il fut très bien accueilli, le film reçut ensuite le prix Louis Delluc et fut nominé aux César dans les catégories de meilleur réalisateur et de meilleur film.
Une comptine enfantine
En s’inspirant de la comptine Le Petit Prince pour le titre de son film, Christine Pascal a voulu lui donner un aspect enfantin, mais aussi péremptoire. « Quand tu écoutes bien la comptine, les paroles disent « Comme j’étais parti / Le petit Prince a dit, etc.» La personne qui dit "je" n’est jamais là, elle est peut-être morte ? La chanson a ce côté étrange et très obsessionnel. »
Les acteurs
Christine Pascal sait qu’en confrontant Richard Berry et Anémone, elle confronte deux méthodes de travail très différentes. Si lui a le sens du rythme, de la caméra et travaille énormément, elle, a besoin de se sentir libre de toute autorité pour apporter vie et humanité. Christine Pascal : « Là-dessus, leur coller une petite fille de dix ans entre les pattes, une petite fille sans aucune expérience du jeu, je savais que je créais une situation explosive. Mais je crois que c’est la seule chose qui ne me fait pas peur dans la mise en scène, au contraire, ça m’excite. »
« Du rire aux larmes et des larmes au rire »
Lors de sa présentation à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs, le public fait une ovation au film. « J’en ai été profondément troublée, mais aussi ravie, dira Christine. Quand j’ai vu le phénomène se répéter partout où Le Petit Prince a été présenté, j’ai réalisé que c’était cela, également, l’émotion : passer du rire aux larmes et des larmes au rire. »
Le Petit Prince a dit
France, Suisse, 1992, 1h45, couleurs, format 1.85
Réalisation : Christine Pascal
Scénario : Robert Boner, Christine Pascal
Photo : Pascal Marti
Musique : Bruno Coulais
Montage : Jacques Comets
Costumes : Catherine Meurice
Production : Robert Doner, Emmanuel Schlumberger, Alia Films, Ciné Manufacture, French Productions, Télévision Suisse-Romande
Interprètes : Richard Berry (Adam Leibovich), Anémone (Mélanie), Marie Kleiber (Violette Leibovich), Lucie Phan (Lucie), Mista Préchac (Minerve), Claude Muret (Jean-Pierre), Jean Cuenoud (Otto), John Gutwirth (Victor), Carlo Boso (le metteur en scène théâtre), Sergio Colella (un assistant théâtre), Barbara DeRosa (une assistante théâtre), Bass Dhem (un acteur), Christine Vouilloz (une actrice)
Sortie en France : 25 novembre 1992
COPIE RESTAURÉE Gaumont
Distributeur : Gaumont
Restauration numérique en 2K par Gaumont aux laboratoires Éclair Group.
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