Chef-d’œuvre du cinéma français burlesque des années 1970, le film reçut l’Ours d’argent au Festival de Berlin. Le rôle principal de cette comédie jubilatoire valut à Pierre Richard son image d’éternel étourdi rêveur, gaffeur et constamment dans la Lune. Pour le caractériser ? Rien de plus simple, l’homme n’est pas capable de mettre deux chaussures de la même couleur : l’une est marron, l’autre est noire. Voilà qui pose un personnage… À cela s’ajoute qu’il ne joue jamais sa partition de violon lorsqu’il est censé le faire et qu’il est d’une timidité maladive. Yves Robert offre à Pierre Richard des partenaires de poids : la présence très classieuse de Jean Rochefort et Mireille Darc apporte une touche presque britannique à l’intrigue, alors que Jean Carmet et Bernard Blier en constituent le pendant franchouillard, ahuri et fulminant. Après l’immense succès de ses films La Guerre des boutons (1962) et Alexandre le Bienheureux (1968), Yves Robert livre avec Le Grand Blond une aventure d’espionnage non-conventionnelle, parodie du film policier. C’est une histoire d’arrivisme, de grenouillage. La lutte impitoyable de deux boas, chacun caressant le projet de digérer l’autre. Le film regorge de quiproquos, de situations cocasses et délirantes dans lesquelles Pierre Richard excelle. Francis Veber fait preuve, dans l’écriture du scénario, d’un talent que l’on retrouvera dans ses propres films (La Chèvre en 1981, Le Dîner de cons en 1998). Le sens inné du comique d’Yves Robert, que ce soit dans l’intention, le geste, le mime, est associé à une fantaisie débridée, où l’ironie, la malice, l’humour, le goût du canular et le sens du rythme s’équilibrent avec la tendresse et l’émotion. « Voilà enfin, écrit alors le grand Jean de Baroncelli dans Le Monde, un film comique français qui échappe à la sottise et à la vulgarité. Un film malicieux et drôle. Un vrai film de détente. Profitons de l’aubaine. »
Les agents secrets par Yves Robert
Yves Robert est passionné par ces professionnels du mensonge, et en rencontre certains par l’intermédiaire du journaliste Gilles Perrault. « Ce que je trouve formidable chez eux, c’est qu’ils font, au service d’une cause qu’ils estiment noble et morale, tout ce qu’on leur défendait étant enfants, au nom justement de la morale, à commencer par le fait de tuer leur prochain. L’espionnage, finalement, c’est un métier de grands gosses qui tuent leur camarade de jeu en toute impunité ! »
François Perrin, première apparition
C’est avec Le Grand Blond avec une chaussure noire que le personnage de François Perrin apparaît pour la première fois. Même si les personnages sont différents, ce nom reviendra dans de nombreux films réalisés par Francis Veber (ici scénariste), et cela dès sa première réalisation, Le Jouet, également interprété par Pierre Richard. D’autres François Perrin ? Patrick Dewaere, Jean-Pierre Marielle, Patrick Bruel.
Un décolleté inoubliable
La mémorable robe décolletée dans le dos de Mireille Darc est une création de Guy Laroche. Devenue culte, elle a depuis intégré les collections du musée du Louvre, comme une grande partie de la garde-robe cinématographique de l’actrice.
Les chausseurs, partenaires de promotion
À la sortie du film, le distributeur donne aux exploitants quelques idées pour promouvoir le film : demander aux chausseurs de faire des vitrines "Grand blond" avec des chaussures noires et des chaussures marrons, organiser la déambulation dans les rues principales de la ville d’un grand blond portant une chaussure noire
et une chaussure marron…
Le Grand blond avec une chaussure noire
France, 1972, 1h30, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation : Yves Robert
Scénario : Yves Robert, Francis Veber, d’après La Cinquième Corde d’Igal Shamir
Photo : René Mathelin
Musique : Vladimir Cosma
Montage : Ghislaine Desjonquères
Décors : Théo Meurisse
Production : Alain Poiré, Yves Robert, Gaumont, Les Productions de la Guéville, Madeleine Films
Interprètes : Pierre Richard (François Perrin), Bernard Blier (Bernard Milan), Jean Rochefort (Toulouse), Mireille Darc (Christine), Colette Castel (Paulette), Jean Obé (Botrel), Robert Castel (Georghiu), Jean Saudray (Poucet), Roger Caccia (M. Boudart), Maurice Barrier (Chaperon), Robert Dalban (le faux livreur), Paul Le Person (Perrache), Jean Carmet (Maurice), Yves Robert (le chef d’orchestre)
Sortie en France : 6 décembre 1972
Copie restaurée - Gaumont
Distributeur : Gaumont
Restauration numérique en 2K par Gaumont aux laboratoires Éclair Group.
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