L’avis d’Eddie Muller
L’exemple le plus transgressif de « cinéma hors-la-loi » commis durant la grande époque hollywoodienne. Le scénariste banni (donc clandestin) Dalton Trumbo défonce le Production Code et déjoue la censure avec cette histoire lourde de sexe : celle du naïf amoureux des armes, dont la vie quitte les rails lorsqu’il rencontre la femme de ses rêves les plus sombres, que le penchant pour l’action et le frisson entraîne dans une folle course à travers le pays et une vie criminelle en sa compagnie. La mise en scène extraordinairement inventive de Joseph H. Lewis embrase ce monument de subversion qui influencera directement des films comme À bout de souffle de Godard (1960) ou Bonnie and Clyde d’Arthur Penn (1967). En son centre brûlant, Peggy Cummins, 24 ans, enfreint toutes les limites et campe la femme la plus explosive et férocement érotique jamais vue sur un écran.
Un véritable hold-up ?
L’attaque de la banque est un extraordinaire plan séquence, tourné en une seule prise : hormis les acteurs, seules les personnes dans la banque ont été informées qu’il s’agissait du tournage d’un film. Ainsi, lorsque Bart Tare espère trouver une place pour la voiture devant la banque, il l’espère vraiment, car aucune place n’a été gardée. Par ailleurs, à la fin de la scène, quelqu’un crie au hold-up : il s’agit réellement d’un badaud qui, voyant la scène, pense que la banque est attaquée.
Les producteurs
Anciens gangsters, les trois frères King finissent par rentrer dans le droit chemin en installant des machines à sous à Los Angeles. Puis ils achètent les droits de livres, produisent des films… Richissimes, ils stockent leur argent dans des boîtes à chaussures, dans le deux pièces qu’ils occupent avec leur mère ! Joseph H. Lewis : « Ils venaient tous les trois sur le plateau tous les matins. Frank King avait plus de choses à dire que les autres. Maury s’occupait surtout de production. Quant à Hymie, lui, je ne sais pas ce qu’il faisait. Et il y avait Maman. Maman était toujours là. […] Ils ne disaient jamais un mot, ils se contentaient d’être là. […] C’était très agréable de travailler pour eux puisqu’ils vous laissaient une totale liberté et accueillaient toutes vos idées avec la plus grande sympathie, même quand ils ne vous comprenaient pas. »
Dalton Trumbo et Millard Kaufman
Au moment de travailler sur le film, le scénariste Dalton Trumbo se trouve sur la liste des Dix d’Hollywood, qui avaient refusé de répondre à la question posée par la chambre du comité des activités anti-américaines : « Êtes-vous ou avez-vous été membre du Parti communiste américain ? ») Blacklisté, il ne peut plus travailler. Sauf sous un autre nom : ce sera Millard Kaufman.
Gun Crazy (Le Démon des armes)
États-Unis, 1950, 1h27, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Joseph H. Lewis
Scénario : MacKinlay Kantor, Dalton Trumbo (sous le pseudonyme Millard Kaufman), d’après la nouvelle Gun Crazy de MacKinlay Kantor
Photo : Russell Harlan
Musique : Victor Young
Montage : Harry W. Gerstad
Décors : Gordon Wiles
Costumes : Norma (pour Peggy Cummins)
Production : Frank King, Maurice King, King Brothers Productions
Interprètes : Peggy Cummins (Annie Laurie Starr), John Dall (Bart Tare), Berry Kroeger (Packett), Morris Carnovsky (le juge Willoughby), Anabel Shaw (Ruby Tare), Harry Lewis (Clyde Boston), Nedrick Young (Dave Allister), Trevor Bardette (le sheriff Boston), Mickey Little (Bart Tare à l’âge de 7 ans), Rusty Tamblyn (Bart Tare à l’âge de 14 ans), Paul Frison (Clyde Boston à l’âge de 14 ans), David Bair (Dave Allister à l’âge de 7 ans)
Sortie aux États-Unis: 20 janvier 1950
Sortie en France : 18 août 1950
Copie restaurée Warner - Avant-première mondiale
Restauration par Warner Bros.
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