Billetterie

La Prison

Fängelse

de Ingmar Bergman , Suède , 1948

Dans le studio de cinéma où il travaille, Martin (Hasse Ekman), jeune metteur en scène, reçoit la visite de son ancien professeur de mathématiques (Anders Henrikson), tout juste sorti de l’asile, qui lui suggère de faire un film sur l’enfer. Martin y est encouragé par Thomas (Birger Malmsten), son ami journaliste. Ce dernier a en effet rencontré, lors d’un de ses reportages nocturnes, Birgitta-Carolina (Doris Svedlund), une jeune fille qui se prostitue sous la coupe de son fiancé-souteneur Peter (Stig Olin). Thomas pense qu’elle pourrait être le point de départ du futur film.

la-prisonDepuis 1946, le jeune Bergman (il a alors 28 ans) collabore avec le théâtre de Göteborg et, parallèlement, réalise des films dont, cette année-là, le premier, Crise (Kris). La Prison est déjà son cinquième opus et sa troisième expérience au cinéma au cours de l’année 1948. Le tournage débuta le 16 novembre et dut beaucoup à Hasse Ekman, un réalisateur, comédien et écrivain suédois à grand succès, alors marié à Eva Henning, splendide dans le film de son époux Le Banquet (Banketten, 1948). Ils acceptent tous deux d’interpréter Martin et Sofi. Hasse Ekman fera deux autres fois l’acteur pour Bergman : La Soif (Törst, 1949) et La Nuit des forains (Gycklarnas afton, 1953). Ils deviendront amis, puis rivaux, notamment lorsqu’ils occuperont la même fonction de scénariste à la Svensk Filmindustri. Dans Images (Gallimard, 1992), Bergman revient sur la place de La Prison dans sa filmographie, ainsi que sur la performance des comédiens : « Pendant très longtemps, ce film m’est resté complètement étranger. Mais maintenant qu’il m’est possible de jeter un regard d’ensemble sur ma production, il se dégage avec une certaine netteté. Il y a là un entrain cinématographique qui, malgré mon peu d’expérience, est à peu près contrôlé. Hasse Ekman manifesta une loyauté impeccable et il me fut d’un grand secours. Eva Hanning apporta au film une note absolument inattendue de vrai chagrin. Doris Svedlund est aussi aimable. La Prison est un jeu autour d’une âme, et l’âme, c’est elle. Doris brillait avec sa lumière propre, énigmatique. »
La thématique bergmanienne est déjà représentée dans ce film où il tourne pour la première fois un scénario qu’il a lui-même écrit : la réalité de la vie et sa brutalité face à la pulsion créatrice, la foi que la mort met en doute, un climat social extrêmement noir d’où émerge un questionnement sur l’origine de l’activité artistique. Ainsi que cette prison que chacun trouve autant en soi qu’en-dehors. « Tout dans ce film est question, écrit, en mai 1959, Jean Douchet dans les Cahiers du cinéma. Qu’est-ce-que le cinéma, où s’arrêtent ses limites ? La caméra de Bergman ne lâche plus les acteurs. Cet interrogatoire n’est pas mené, comme chez Dreyer, pour briser, mais au contraire par amour, pour, au-delà de cette souffrance, trouver l’espoir que le paradis existe sur cette terre et y remplacera définitivement l’enfer. Tel est l’optimisme de Bergman. »

Un Bergman auteur complet
La Prison est le premier film qu’Ingmar Bergman assure  de A à Z : son idée, son scénario original, sa réalisation.
La Prison devient, plus que ses précédentes réalisations,  un film « bergmanien ». Ça deviendra une habitude.

Un budget minimum
À la lecture du synopsis, la Svensk Filmindustri refuse de financer le film. Ingmar Bergman se tourne alors vers son partenaire habituel, Lorens Marmstedt, toujours prêt à prendre des risques dans ses productions.  Ce dernier accepte à condition de réduire le budget au minimum : 18 jours de tournage, peu ou pas de musique, nombre réduit de figurants, pellicule limitée… Bergman accepte même de mettre son salaire en participation, 10% des bénéfices. Mais il n’y aura jamais de bénéfice...

Tentative de censure
La prostituée Birgitta-Carolina travaille dans un grand magasin EPA, enseigne très connue en Suède. Inquiet à l’idée de tout amalgame, le directeur de l’enseigne demande à la production de supprimer le nom EPA du film. Par voie de presse, Bergman répond à cette demande certifiant qu’il « ne considère pas les vendeuses d’EPA comme des prostituées, pas plus [qu’il] ne considère les employés de la poste comme des maquereaux. » Il refuse donc de présenter le film sous une autre forme que la version intégrale projetée à la première. Le film ne sera pas modifié.




La Prison (Fängelse)
Suède, 1948, 1h19, noir et blanc, format 1.37
Réalisation & scénario : Ingmar Bergman
Photo : Göran Strindberg
Musique : Erland von Koch
Montage : Lennart Wallén
Décors : P.A. Lundgren
Production : Lorens Marmstedt, Terrafilms Produktions
Interprètes : Doris Svedlund (Birgitta-Carolina), Birger Malmsten (Thomas),
Eva Henning (Sofi), Hasse Ekman (Martin), Stig Olin (Peter), Irma Christenson (Linnea), Anders Henrikson (Paul), Marianne Löfgren (Mme Bohlin), Bibi Lindqvist (Anna), Curt Masreliez (Alf), Carl-Henrik Fant (Arne)


Sortie en Suède : 19 mars 1949
Sortie en France : 11 mars 1959

COPIE  RESTAURÉE
Svenk Filmindustri StudioCanal

En partenariat avec StudioCanal, copies restaurées par Svensk Filmindustri
Distributeur : StudioCanal
La restauration a débuté en reprenant le négatif 35mm qui a été scanné en fichiers dpx 2K. Un master a été créé à partir des fichiers en utilisant, quand cela était possible, le matériel de référence. Après cette étape, le principal outil de restauration, Phoenix, a permis de supprimer toute poussière, rayure et autres défauts. Un Master a été créé sur support HDCAM SR et archivé les fichiers 2K sur support LTO.



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