Billetterie

Jackie Brown

de Quentin Tarantino , États-Unis , 1997

Une hôtesse de l’air, Jackie Brown (Pam Grier), arrondit ses fins de mois en convoyant de l’argent liquide pour le compte d’Ordell Robbie (Samuel L. Jackson), un trafiquant d’armes. Jusqu’au jour ou elle est cueillie a l’aéroport par un agent fédéral (Michael Keaton) et un policier de Los Angeles (Michael Bowen). Ils veulent coincer Ordell Robbie et comptent sur Jackie Brown pour le faire tomber. Avec l’aide de Max Cherry (Robert Forster), preteur de cautions, Jackie Brown échafaude un plan audacieux : doubler tout le monde lors du prochain transfert d’argent.

jackie-brownJackie Brown est le premier scénario de Tarantino adapté d’un roman, Punch créole d’Elmore Leonard (décédé en août dernier) : « Je voulais garder l’humour très sec de Leonard sans pour autant tomber dans la farce. » Le réalisateur veut aussi être fidèle au réalisme spontané du roman. De fait, le film marque une nette évolution dans l’idée que se fait le cinéaste sur les personnages et les conflits qui les opposent. Les fans de Pulp Fiction reconnaissent sa patte dans des dialogues pimentés et dans la parfaite maîtrise d’une matière narrative complexe – sans doute Jackie Brown reste-t-il à ce jour son film scénaristiquement le plus accompli. Pour le reste, Tarantino truffe son film d’idées visuelles et ravive des images oubliées et pourtant intactes, torpille leur obsolescence pour les rendre à la modernité des temps. Avec raison, Lawrence Bender, son producteur, note un élément nouveau : la douceur au milieu de la folie. Tarantino admet avec ironie avoir réalisé « un film calme, mais mon idée du calme n’est peut-être pas celle de tout le monde… ». Le cinéaste prend en effet davantage le temps de filmer, estompe les effets azimutés et violents. Il accorde aussi une place nouvelle à la figure féminine et s’éloigne de l’univers masculin dans lequel on le pensait confiné. Pam Grier, absolument formidable et juste, est une idée de distribution brillante, qui apparaît comme un choix évident pour une oeuvre qui se veut un hommage explicite au cinéma de la Blaxploitation – personnages pittoresques, décors de banlieue sud et bande originale marquée par la soul des années 1970. Selon le critique George Nelson, Pam Grier reste « l’une des rares femmes, noires ou blanches, de l’histoire du cinéma américain, sur qui l’on a fondé des films qui ne tiraient pas seulement parti de sa beauté physique, mais aussi de sa capacité à rendre coup pour coup aux personnages masculins qui la défiaient ». « Jackie n’abandonne jamais, déclare-elle à la sortie du film. Elle utilise son intelligence pour vaincre, mais à sa façon, avec sa propre méthode et son propre style. Elle ne fait pas une bonne victime, c’est en cela qu’elle me ressemble. » Comme auparavant pour John Travolta, Tarantino lui offre la possibilité de montrer qu’elle est une comédienne intacte : « J’ai survécu dans ce métier depuis vingt ans, et j’en ai gardé des cicatrices que je peux montrer. » 

C’est un Tarantino différent qui apparaît avec ce film, sérieux, appliqué, tendre même, et en tout cas moins dans l’épate qu’on pouvait lui reprocher. Certains de ses fans, d’abord déroutés, reconnaîtront vite que le changement a du bon : Jackie Brown dévoile un cinéaste aux horizons plus vastes que prévu. « Négligeant des effets devenus racoleurs (violence ironique, références systématiques aux pulps), écrit Michel Ciment dans Positif, en avril 1998, Tarantino donne enfin la primeur à des personnages humains et à une histoire simple, touchante, éloignée d’un cynisme complaisant. » 

La Blaxploitation
« Quand j’ai découvert les films de la Blaxploitation, j’ai ressenti un véritable choc. C’était une voie nouvelle dans le cinéma, drôle, extravertie, sexy, provocante, l’expression de la fierté des Noirs dans leur culture, l’attitude de la rue, l’argot, la musique. » Pendant son adolescence dans les quartiers noirs de Los Angeles, Quentin Tarantino a dévoré les films de ce courant né dans les années 1970 avec Sweet Sweetback’s Baadasssss Song de Melvin Van Peebles (1971). Shaft (Gordon Parks, 1971), Super Fly (Gordon Parks Jr., 1972), Coffy, la panthère noire de Harlem (Coffy, Jack Hill, 1973) : pour la première fois, les Afro-Américains prennent les rênes et s’éloignent des rôles de faire-valoir.  

Pam Grier ! 
Et l’une des icônes de la Blaxploitation, c’est Pam Grier. Elle avait auditionné pour le rôle de Jody dans Pulp Fiction, mais c’était finalement Rosanna Arquette qui l’avait décroché. Tarantino promet alors à l’actrice qu’ils travailleront ensemble. Chose faite avec Jackie Brown que le réalisateur écrit pour elle, transformant la Jackie blanche du roman d’Elmore Leonard en héroïne noire. Le titre est aussi un clin d’œil à l’un des films-culte de Tarantino, Foxy Brown de Jack Hill (1974), dans lequel Pam Grier tient le rôle titre.

De Miami à South Bay, Los Angeles 
Quentin Tarantino décide de déplacer l’action de Jackie Brown à South Bay, dans le comté de Los Angeles (le roman d’Elmore Leonard se déroule à Miami). Très peu de films y ont été tournés auparavant et certains quartiers sont aux mains de gangs. Les repérages sont difficiles et les autorisations de tournage compliquées à obtenir. Mais Quentin Tarantino ne cède pas : il y a passé son enfance et son adolescence et veut tourner à South Bay.  



Jackie Brown
États-Unis, 1997, 2h34, couleurs, format 1.85
Réalisation : Quentin Tarantino
Scénario : Quentin Tarantino, d’après le roman Punch créole d’Elmore Leonard
Photo : Guillermo Navarro
Musique : Bobby Womack (Across 110th Street), The Meters (Cissy Strut), The Supremes (Baby Love), Pam Grier (Long Time Woman), Roy Ayers (Exotic Dance), Bloodstone (Natural High), Johnny Cash (Tennessee Stud), The Delfonics (Didn’t I Blow Your Mind This Time), Foxy Brown (Holy Matrimony), Roy Ayers (Aragon, Escape, Vittrone’s Theme - King is Dead),
Randy Crawford (Street Life), The Grass Roots (Midnight Confessions), Orchestra Harlow (Grazing in the Grass), The Vampire sound Incorporation (The Lions and the Cucumber), Elliot Easton’s Tiki Gods (Monte Carlo Nights)
Montage : Sally Menke, Tatiana S. Riegel
Décors : Sandy Reynolds-Wasco,
Daniel Bradford
Costumes : Mary Claire Hannan
Production : Lawrence Bender, Paul Hellerman, Miramax International, A Band Apart
Interprètes : Pam Grier (Jackie Brown), Samuel L. Jackson (Ordell Robbie), Robert Forster (Max Cherry), Bridget Fonda (Melanie),
Michael Keaton (Ray Nicolette), Robert De Niro (Louis Gara), Michael Bowen (Mark Dargus), Chris Tucker (Beaumont Livingston), Lisa Gay Hamilton (Sheronda), Tommy "Tiny" Lister Jr. (Winston), Hattie Winston (Simone), Denise Crosby (le défenseur public), Sid Haig (le juge), Aimee Graham (Amy)

Sortie aux États-Unis : 25 décembre 1997
Sortie en France : 1er avril 1998

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