Nagisa Ôshima, dont le plus grand succès international est L’Empire des sens (Ai no korîda, 1976), se lance dans la réalisation en 1959, avec Une ville d’amour et d’espoir (Ai to kibô no machi). Suivront Contes cruels de la jeunesse (Seishun zankoku monogatari, 1960) et Nuit et brouillard sur le Japon (Nihon no yoru to kiri), la même année, qui marque une date clé dans l’histoire du cinéma japonais. Adapté du roman The Seed and The Sower de Sir Laurens van der Post (1963), Furyo évoque, par son sujet, Le Pont de la rivière Kwaï de David Lean (The Bridge on the River Kwai, 1957). Ces films ont en commun de saisir la naissance des relations dans un univers masculin fermé et plombé par la guerre. Une histoire d’amitié, à laquelle s’ajoute une fascination pour les cultures étrangères. L’ennemi n’est jamais pointé du doigt, ce que souhaitait particulièrement Nagisa Ôshima, qui fait le parallèle entre son film et celui de Tomotaka Tasaka, Cinq de la patrouille (Gonin no sekkôhei, 1938). Ce dernier décrit un épisode de la guerre sino-japonaise, mais la partie adverse, les soldats chinois, ne sont jamais montrés à l’écran. « Tout ce que l’on voit, ce sont leurs épreuves et l’angoisse des soldats qui attendent leur retour au camp. J’eus un choc en le voyant, car j’y retrouvais la même approche que dans les films de guerre actuels. Et c’est ainsi que j’en suis arrivé à dépeindre nos anciens "ennemis". » Ôshima se rend alors sur une île lointaine du Pacifique Sud pour tourner avec une équipe provenant de huit pays différents, parmi lesquels David Bowie, Takeshi Kitano et Tom Conti. C’est pour le cinéaste l’occasion de retourner à une période cruciale de l’histoire du Japon, qui vit s’engager un nouveau dialogue avec l’Occident et naître, dans l’affrontement des valeurs, des violences et des désirs, une compréhension mutuelle inattendue.
Laurens Van Der Post
Considéré comme l’un des meilleurs écrivains britanniques, l’auteur du roman autobiographique The Seed and the Sower (Furyo - La graine et le semeur pour la version française) est né en Afrique du Sud. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il est prisonnier pendant quatre ans dans un camp japonais. À son retour, il participe à plusieurs expéditions en Afrique. Installé au Royaume-Uni pendant de nombreuses années, il sera fait chevalier de l’Ordre de l’Empire britannique au début des années 1980. Laurens Van Der Post à propos de Furyo : « L’imagerie et le symbolisme, qui sont la langue naturelle d’Ôshima, parlent directement à chacun de nous, dans un langage qui ne demande pas de traduction et qui ne peut manquer d’être compris. »
"Beat" Takeshi
Pour le rôle du sergent Hara, Nagisa Ôshima choisit un "manzaï", comique japonais, dont les sketches sont extrêmement populaires. Au générique, seul son prénom : Takeshi. Après ce premier rôle dramatique sur grand écran, Kitano reprendra rapidement son nom pour sa carrière cinématographique, devenant un grand comédien et un réalisateur de talent. On lui doit, entre autres, L’Été de Kikujiro (Kikujirô no natsu, 1999) et Aniki, mon frère (Brother, 2000).
Forbidden colours
Ryuichi Sakamoto, l’interprète du capitaine Yonoï, est également le compositeur de la musique de Furyo, sa première partition pour un film. Musicien reconnu, il est à l’époque membre du groupe The Yellow Magic Orchestra. Il écrit ainsi la musique (et également les paroles de la version chantée) du thème principal de Furyo, le désormais très célèbre Forbidden Colours.
Furyo (Merry Christmas Mr. Lawrence / Senjô no merî Kurisumasu)
Royaume-Uni, Japon, 1983, 2h03, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation : Nagisa Ôshima
Assistant réalisation : Lee Tamahori
Scénario : Nagisa Ôshima, Paul Mayersberg d’après le roman Furyo - La graine et le semeur de sir Laurens Van Der Post
Photo : Tôichirô Narushima
Musique : Ryûichi Sakamoto
Montage : Tomoyo Oshima
Décors : Shigemasa Toda
Costumes : Christine West, Kazuo Matsuda
Production : Jeremy Thomas, Joyce Herlihy, Recorded Picture Company, Oshima Productions, Asashi National Broadcasting Company
Interprètes : David Bowie (le major Jack Celliers, dit "Strafer"), Tom Conti (le colonel John Lawrence), Ryuichi Sakamoto (le capitaine Yonoi), Takeshi Kitano (le sergent Gengo Hara), Jack Thompson (Hicksley), Johnny Okura (Kanemoto), Alistair Browning (De Jong), James Malcolm (le frère de Celliers), Chris Broun (Celliers, à l’âge de 12 ans), Yuya Uchida (le commandant de la prison militaire), Ryûnosuke Kaneda (le président de la cour martiale), Takashi Naito le lieutenant Iwata), Tamio Ishikura (le procureur), Rokko Toura (l’interprète), Kan Mikami (le capitaine Ito), Yûji Honma (le soldat Yajima), Daisuke Iijima (le caporal Ueki)
Présentation au Festival de Cannes : 10 mai 1983
Sortie au Japon : 28 mai 1983
Sortie au Royaume-Uni : 26 août 1983
Sortie en France : 1er juin 1983
COPIE RESTAURÉE
HanWay Films
Distributeur : HanWay Films
Suite à la numérisation en 2K de l’interpositif, le meilleur élément original disponible, la restauration a pu commencer, image par image, en éliminant les imperfections, en stabilisant l’image et en améliorant le grain. Le but était de restaurer la couleur originale du film. Le son a été numérisé à partir des éléments les mieux conservés. Après un rigoureux contrôle de qualité, image et son ont été rassemblés sur un master HD. Travaux réalisés aux laboratoires Cineimage, à Londres.
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