Billetterie

Fanny et Alexandre

Fanny och Alexander

de Ingmar Bergman , Suède , 1982

Une ville suédoise au début du XXe siècle. Helena Ekdahl (Gunn Wållgren), célèbre actrice désormais à la retraite, chef d’une grande famille aisée, prépare les festivités de Noël. L’effervescence est observée par Alexandre (Bertil Guve), fils d’Oscar (Allan Edwall), l’aîné d’Helena, à qui elle a légué la direction du théâtre de la ville. Mais la douce harmonie familiale ne durera pas…

fanny-et-alexandreFanny et Alexandre fut d’abord un roman, écrit par un Bergman revenu en son île et devenant de plus en plus écrivain. Il décide de l’adapter pour ce qui sera son dernier long métrage au cinéma : « Je ne ferai plus de long métrage. Je ne me suis jamais autant amusé, et je n’ai jamais autant travaillé. Fanny et Alexandre représente la somme totale de ma vie en tant que réalisateur. » Belle conclusion d’une œuvre dont la force et la conviction dépassent l’entendement, Fanny et Alexandre, saga familiale nordique, fut un triomphe mondial (et justifié) : il remporta une vingtaine de prix, dont en France le César du meilleur film étranger en 1984, ainsi que quatre Oscars sur les six nominations obtenues, dont celui du meilleur film étranger et de la meilleure photographie, due au fidèle Sven Nykvist, inséparable du grand geste bergmanien. Le making of du film, Le Tournage de « Fanny et Alexandre », sorti quatre ans plus tard, apporte un éclairage précieux sur les méthodes de travail du cinéaste et sur l’aventure de ce film-testament, que Bergman a voulu être son chant du cygne. C’est sans doute l’œuvre qui combine le mieux la mélancolie légendaire de l’auteur et une intensité émotionnelle extrême. Le film le plus chaleureux et le plus autobiographique de l’illustre cinéaste : « Vues couleurs projetées sur un drap dans la chambre des enfants, écrit Peter Cowie. Enterrements auxquels le jeune Ingmar était obligé d’assister, ou statue qui lui fait signe dans le salon désert et silencieux. » Bergman semble s’être réconcilié avec son enfance, comme en témoigne la belle sérénité dans laquelle baigne le film. Les thèmes qui ont jalonné toute son œuvre restent prégnants : la mort, le rapport conflictuel au père, l’art, le couple, Dieu…
Film-somme, parcouru d’une joie immense, Fanny et Alexandre vibre de sensualité et foisonne de références. Bergman convoque ainsi le peintre Carl Larsson, August Strindberg (Le Songe), William Shakespeare (Hamlet), mais aussi le théâtre et la littérature scandinave (Henrik Ibsen, Selma Lagerlöf). Il use également de l’imaginaire enfantin et d’un soupçon de paranormal (magie, fantômes et forces occultes), donnant à son œuvre l’aspect d’un conte fantastique. Lorsqu’il présente son projet de film à la presse en 1980, Bergman le définit comme : « Une immense tapisserie remplie de masses de couleurs et de gens, de maisons et de forêts, de cachettes mystérieuses dans des grottes ou des cavernes, de secrets et de nuits sous les étoiles ».

John Wayne ?
Bertil Guve : « Au début, j’ai hésité à accepter le rôle [d’Alexandre], mais quand maman m’a expliqué qu’Ingmar Bergman était aussi célèbre que John Wayne, j’ai décidé de le jouer. »

Parcours du combattant
Une fois le financement obtenu de haute lutte grâce à l’aide de Jörn Donner, directeur de l’Institut du film suédois (Bergman refusait de transiger sur la longueur de son film), le tournage fut semé d’embûches : chute d’une traverse dans le studio manquant d’écraser Bergman et Nykvist, décès du responsable des costumes quelques jours avant le tournage, chute du chef électricien dans la fosse d’orchestre lui valant deux jambes cassées, épidémie de grippe qui bloqua le tournage pendant trois semaines et enfin, Bertil Guve, le jeune Alexandre, qui se cassa le genou. Sinon, tout se passa bien : « Je n’arrive pas à me souvenir que nous ayons connu de graves dissensions pendant le tournage » confiera Bergman.

Une première pour le dernier
Ingmar Bergman laisse les premiers rôles à des enfants, personnages jusque-là absents de son œuvre. Ce sera d’ailleurs la seule fois puisque Fanny et Alexandre sera le dernier long métrage pour le cinéma du réalisateur, confessant : « Je préfère laisser la réalisation de films à des gens plus jeunes. Je n’ai plus assez d’énergie. »

Récit autobiographique ?
Fanny et Alexandre repose sur des éléments autobiographiques de Bergman, partagé dans son enfance, comme Alexandre, entre la rigueur de son père, pasteur devenu chapelain de la cour de Suède et l’éducation moraliste inculquée par sa mère. Cependant, pour le réalisateur : « Il y a beaucoup de moi dans le pasteur, plus que dans Alexandre : il est hanté par mes propres démons. »

Le théâtre miniature d’Alexandre
Dans la scène inaugurale, Alexandre joue avec son théâtre miniature, clin d’œil à Bergman enfant. Ce dernier trouvait fréquemment refuge chez sa grand-mère où il retrouvait son vieux théâtre de Guignol. Adolescent, il mettra en scène, avec des personnages en bois, une pièce d’August Strindberg, qui fut toujours une référence pour lui.

Fanny et Alexandre (Fanny och Alexander)
Suède, République fédérale d’Allemagne, France, 1982, 3h08, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation & scénario : Ingmar Bergman
Photo : Sven Nykvist
Musique : Daniel Bell, Benjamin Britten (Suites pour violoncelle, op. 72, 80, 87), Robert Schumann (Quintette pour piano en fa majeur)
Montage : Sylvia Ingemarsson
Décors : Anna Asp
Costumes : Marik Vos-Lundh
Production : Jörn Donner, Svenska Filminstitutet (SFI), Cinematograph AB, Tofisfilmkunst, Sveriges TV 1, Personafilm, Gaumont
Interprètes : Pernilla Allwin (Fanny Ekdahl), Bertil Guve (Alexandre Ekdahl), Börje Ahlstedt (Carl Ekdahl), Allan Edwall (Oscar Ekdahl), Ewa Fröling (Emilie Ekdahl), Gunn Wållgren (Helena Ekdahl), Jarl Kulle (Gustav Adolf Ekdahl), Jan Malmsjö (Edvard Vergerus), Christina Schollin (Lydia Ekdahl), Kerstin Tidelius (Henrietta Vergerus), Marianne Aminoff (Blenda Vergerus), Erland Josephson (Isak Jacobi), etc


Sortie en Suède : 17 décembre 1982
Sortie en France : 9 mars 1983

COPIE  RESTAURÉE
Gaumont

Distributeur : Gaumont
Restauration numérique en 2K par Gaumont aux laboratoires Éclair Group.





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