Billetterie

Django Unchained

de Quentin Tarantino , États-Unis , 2012

Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz (Christoph Waltz), un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django (Jamie Foxx), un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle, morts ou vifs. Le seul but de Django est de retrouver la femme que l’esclavage lui a fait perdre.

djangoDjango Unchained, dernier film en date de Quentin Tarantino, est aussi son plus grand succès à ce jour, dans le monde, aux USA et en France, où quatre millions de spectateurs lui feront fête. Nommé pour cinq Oscars, il en remportera deux, dont celui du meilleur scénario et du meilleur second rôle pour Christoph Walz, qui confirme, après Carnage de Polanski (2011), l’extraordinaire comédien qu’il est. Lorsqu’on le questionne sur ses intentions, Tarantino évoque l’un des premiers ouvrages qu’il a lu sur le cinéma au début des années 1980, Le Western-spaghetti, un opéra de la violence. Ce livre contenait l’essence de tout ce qu’il projetait de faire, en le poussant à l’extrême : la noblesse, la vengeance, l’humour, l’héroïsme… Au-delà du sens de l’exagération, qui était déjà propre au genre, le réalisateur admire l’éthique et l’esthétisme de ces films. Fidèle à son goût pour l’authenticité et le matériau d’origine, le cinéaste rejette d’ailleurs les versions numériques des chansons qu’il intègre au film, leur préférant ses propres vinyles lorsqu’ils existent, afin de conserver tous les « pops and cracks », selon ses propres termes. Django est l’un des héros emblématiques du western-spaghetti. Incarné tout d’abord par Franco Nero en 1966 (à qui Tarantino confie ici un rôle-hommage) mais repris par des dizaines d’acteurs, Django a été immortalisé à foison depuis. Entre celui de Sergio Corbucci et celui de Tarantino, on note surtout la figure de déception d’après-guerre civile du premier, alors que le second s’affranchit quelque peu de ce contexte puisque l’intrigue se tient deux ans avant cet événement historique. Après Inglourious Basterds et les nazis, et comme en réponse à ceux qui ne voit en lui qu’un cinéaste-cinéphile, Tarantino confirme, en auteur, sa maturité politique, en montrant et dénonçant l’esclavage qu’il considère comme le « second Holocauste américain ». « Tarantino, écrit Franck Garbarz dans Positif, instrumentalise le genre pour exprimer le sentiment d’horreur que lui inspire l’esclavage, tout comme il s’était appuyé sur le film de guerre et d’espionnage pour manifester l’abjection du nazisme dans Inglourious Basterds. Pas de discours pontifiant, certes, mais des images glaçantes. L’émancipation de Django venge le peuple noir, le héros préfigure la Blaxploitation. »

Candyland
Les scènes qui se déroulent dans la plantation possédée par Calvin Candie ont été tournées en décors réels dans la plantation Evergreen, en Louisiane. Cette plantation a réellement été un lieu d’esclavage.

Un titre hommage
Le projet du film a un temps été intitulé The Angel, the Bad and the Wise, nouvelle référence à Sergio Leone. Finalement, ce sera Django Unchained, hommage à Django, film réalisé en 1966 par Sergio Corbucci. À travers ce titre, Tarantino évoque tout un pan de l’histoire du western européen dont il est un grand défenseur : « Il y avait déjà une ribambelle de fausses suites qui n’ont de "Django" que le nom, et je suis fier de dire que nous sommes la dernière fausse suite de Django en date ! »

Une sortie contrariée en Chine
Django Unchained est le premier film de Tarantino bénéficiant d’une sortie officielle en Chine – les DVD de ses films s’échangeant jusque là sous le manteau. Mais le 11  avril 2013, jour de la sortie, une minute seulement après le lancement du film, les séances sont interrompues et le film déprogrammé : à l’origine de cette censure, un désaccord des autorités avec la nudité et la violence. Après un mois de tractations, une version revisitée, amputée de trois minutes, réapparaît sur les écrans.

Vers sa destinée
« Tarantino raconte donc une nouvelle histoire d’oppression et d’émancipation, celle des Noirs après celle des Juifs. D’un film à l’autre, les termes du problème ont pourtant été inversés de manière presque symétrique. Alors que c’était un Américain qui, dans Inglourious Basterds, avait accompli le voyage depuis les hauteurs des Appalaches jusqu’à la France occupée – via l’Afrique du Nord et la Sicile – pour donner une leçon aux nazis, c’est aujourd’hui à un Allemand qu’il revient de porter un regard terrifié sur l’Amérique du milieu du XIXe. Schultz, pourtant aguerri par son expérience de chasseur de primes, aura plus d’un haut-le-cœur face aux horreurs dont il sera le témoin » (Emmanuel Burdeau, « Vers sa destinée » dans Quentin Tarantino, Un cinéma déchainé, Capricci, 2013)

Django Unchained
États-Unis, 2012, 2h45, couleurs, format 2.35
Réalisation & scénario : Quentin Tarantino
Photo : Robert Richardson
Musique : Luis Bacalov & Rocky Robert (Django Theme Song), Ennio Morricone (The Braying Mule, Norme Con Ironie, Minacciosamente Lotano, Un Monumento, Dopo la Congiura), Luis Bacalov & Edda Dell’Orso (Main Titles Theme Song -Lo Chiamavano King-), Luis Bacalov (La Corsa -2ème version-, Town of silence, Blue Dark Waltz), Verdi (Requiem –Prologue-), Jim Croce (I Got a Name), Riz Ortolani (I Giorni Dell’Ira), Rick Ross (100 Black Coffins), James Brown & 2Pac (Unchained -The Payback/Untouchable-), Ludwig Van Beethoven (La Lettre à Élise), Johnny Cash (Ain’t no grave -Black Opium Remix-), Brother Dege (To Old to Die Young), The RZA (Ode to Django -The D is silent-)
Montage : Fred Raskin
Décors : J. Michael Riva
Costumes : Sharen Davis
Production : Reginald Hudlin, Pilar Savone, Stacey Sher, The Weinstein Company,
Columbia Pictures
Interprètes : Jamie Foxx (Django), Christoph Waltz (Dr King Schultz), Leonardo DiCaprio (Calvin Candie), Kerry Washington (Broomhilda Von Shaft), Samuel L. Jackson (Stephen), Walton Goggins (Billy Crash), Dennis Christopher (Leonide Moguy), Don Johnson (Spencer "Big Daddy" Benett), Laura Cayouette (Lara Lee Candie-Fitzwilly), Zoe Bell (Peg), Bruce Dern (Carrucan)


Sortie aux États-Unis : 25 décembre 2012
Sortie en France : 16 janvier 2013

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