Billetterie

Des gens sans importance

de Henri Verneuil , France , 1955

Jean Viard (Jean Gabin), chauffeur routier, fait halte dans un relais. Il revoit ce qui a commencé à cet endroit même, deux ans plus tôt. Le soir de Noël, Berty (Pierre Mondy) et lui s’y arrêtaient et Jean fit la connaissance de Clotilde (Françoise Arnoul), la nouvelle serveuse. De retour chez lui, il essuya comme d’habitude les reproches de son épouse Solange (Yvette Etiévant), lasse de ses absences, et le mépris de sa fille Jacqueline (Dany Carrel). Au voyage suivant, Jean rejoignit Clotilde…

des-gens-sans-importanceLe grand film méconnu de la retrospective Henri Verneuil, noir & blanc. Une histoire au titre ironique au regard de l’universalité du propos, un film aux antipodes du précédent, Les Amants du Tage, les affres de la passion contre la sobriété de l’amour contrarié. Explorant avec profondeur une réalité sociale précise (le peuple, les routiers, les travailleurs de la nuit), le film réussit à montrer la fatalité de la condition des personnages. Après Fernandel, c’est la première collaboration entre Verneuil et Gabin – l’ex-petit-journaliste-marseillais-arménien aimera toujours les monstres sacrés. Un Gabin aussi sobre et délicat que l’univers dans lequel il évolue, ce qui permet à Verneuil d’éviter l’écueil d’un poussif mélodrame explicite. La routine du travail, la fatigue, le sommeil, la condition des filles et des épouses, la solitude des êtres dans leur propre famille, Verneuil se fait le messager d’un monde peu dépeint dans le cinéma français des années 1950. Le public apprécie, ainsi que la critique qui salue réellement le cinéaste pour la première fois. Même François Truffaut, qui décriait jusque-là son travail, le place au-dessus de Marcel Carné ou d’Yves Allégret, dans sa construction romanesque du sujet. Jacques Rouffio (Le Sucre, 1978), assistant réalisateur sur le film, déclara en 2007 : « J’aime le cinéma d’Henri Verneuil. Il aimait les héros qui sortent de l’ordinaire et même les gens ordinaires. Je crois qu’il a été le plus secret, mais le plus sincère des moralistes de ce cinéma-là. Ses films s’engouffrent dans notre société d’aujourd’hui. Et vous en tirerez le parfum glacé de sa représentation annoncée. »

De Notre-Dame de Paris à Des gens sans importance
Parce que les producteurs exigeaient le montage final, Henri Verneuil abandonne un projet de Notre-Dame de Paris et décide de tourner Des gens sans importance. Le roman de Victor Hugo sera finalement réalisé par Jean Delannoy avec Gina Lollobrigida en Esmeralda et Anthony Quinn en Quasimodo – à la place de Françoise Arnoul et d’Orson Welles dans la version de Verneuil..

Une première collaboration Gabin-Verneuil
C’est André Bernheim, agent d’Henri Verneuil, qui propose au cinéaste de faire un film avec Gabin, qui est également son client. Cette première collaboration ne sera pas sans heurts, Gabin préférant jouer à l’instinct quand Verneuil souhaite tout contrôler, de la mise en scène technique au jeu des acteurs. Ils finirent tout de même par s’entendre et se retrouveront sur Le Président, Un singe en hiver, Mélodie en sous-sol et Le Clan des Siciliens.

Working Class Hero
Coup sur coup en 1955, Gabin campe deux fois un rôle de routier. Dans le Verneuil, donc, et dans le tout aussi méconnu Gas-oil de Gilles Grangier. À chaque fois, l’acteur endosse parfaitement les habits des prolétaires de la route et dans les deux films, on retrouve le parfum d’une France des années 1950 que les restaurations de ces beaux noirs et blancs restituent parfaitement.


Des gens sans importance
France, 1955, 1h41, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Henri Verneuil
Assistant réalisation : Jacques Rouffio
Scénario : Henri Verneuil, Françoise Boyer, d’après le roman Des gens sans importance de Serge Groussard
Photo : Louis Page
Musique : Joseph Kosma
Montage : Christian Gaudin
Décors : Robert Clavel
Production : Cocinor - Comptoir Cinématographique du Nord, Chaillot Films, Ardennes Films
Interprètes : Jean Gabin (Jean Viard), Françoise Arnoul (Clotilde Brachet), Pierre Mondy (Pierrot Berty), Yvette Etiévant (Solange Viard), Paul Frankeur (Emile Barchandeau), Edmond Ardisson (un routier), Marcelle Arnold (la concierge), Jacques Ary (un routier), Alain Bouvette (un routier), Dany Carrel (Jacqueline Viard), Robert Dalban (Gilier), Jean Daurand (un infirmier), Pierre Fromont (Brégier), Nane Germon (Mme Cussac), Gabriel Gobin (l’homme de la Croix-de-Briac), Harold Kay (l’officier américain), Lila Kedrova (Mme Vacopoulos), Héléna Manson (Mme Germaine), Jacques Marin (Armand), Max Mégy (Philippe), Germaine Michel (la voisine)

Sortie en France : 15 février 1956

COPIE  RESTAURÉE
Tamasa

Distributeur : Tamasa Distribution
Restauration numérique en 2K.





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