Billetterie

Cutter’s Way

de Ivan Passer , États-Unis , 1981

Un soir de pluie intense, la voiture de Bone (Jeff Bridges) tombe en panne dans une rue déserte de Santa Barbara. En abandonnant son véhicule, Bone entrevoit la silhouette d’un homme jetant un lourd paquet dans une poubelle. Trempé jusqu’aux os, il rejoint son ami Cutter (John Heard) dans un bar. Cutter est un vétéran du Viêt-nam. Revenu mutilé, il est traumatisé et à vif. Le lendemain, alors que Bone attend le retour de Cutter chez lui après une nuit d’ivresse, deux policiers débarquent : on a retrouvé le corps d’une jeune fille dans une poubelle près de sa voiture. Bone est arrêté.

cutters-wayDiplômé de la faculté des Hautes Études cinématographiques de Prague, la FAMU, Ivan Passer travaille avec Milos Forman, dont il sera le coscénariste à plusieurs reprises. Puis il passe seul derrière la caméra en 1965 avec Éclairage intime (Intimni osvetleni). Devant la répression qui fait suite au Printemps de Prague, Passer s’exile aux États-Unis, où il continue une carrière cinématographique dominée notamment par un ton de comédie satirique. Néanmoins, deux films extrêmement sombres se dégagent de cette œuvre, à savoir Né pour vaincre (Born to Win, 1971) et Cutter’s Way. Ce dernier est d’une noirceur peu commune, portant à l’écran une société à deux vitesses : pauvreté, errance et drogue, face au luxe et à la corruption. Ivan Passer filme sans manichéisme et sans guider le spectateur de façon trop évidente, renforçant l’aspect fataliste de l’histoire dont l’issue positive semble impossible. Le cinéaste agence une œuvre intrigante et fascinante, où la dureté concrète côtoie une fantasmagorie étrange. Symboles d’une jeunesse perdue, d’une génération pour laquelle rien ne semble se dessiner d’autre que le vide et la souffrance, ces laissés pour compte végètent. Ils prennent vie sous les traits de Jeff Bridges, John Heard et Lisa Eichhorn. « Mi-mort, mi-vivant, cynique, diabolique, sain ou fou, souffrant de son invalidité et s’en servant, dans le vrai ou dans le faux, "damné au cœur du paradis", Alex sert de révélateur à cette Amérique dont l’innocence et la joie édénique sont, malgré les "God Bless America" consolateurs, consolidateurs, bien fissurées. […] La vision que Passer donne des États-Unis d’aujourd’hui est d’autant moins rassurante qu’elle n’adopte aucune des deux positions antagonistes traditionnelles que personnifieraient Cord et Alex : la satisfaction de la réussite, la dénonciation de l’hypocrisie, de la laideur sous le masque. » (François Ramasse, Positif, mars 1982)

Cutter et Bone
Après plusieurs changements de réalisateurs et d’acteurs, le script de Cutter’s Way est enfin confié à Ivan Passer. Mais il faut encore trouver les acteurs. United Artists accepte d’engager John Heard pour le rôle de Cutter, si Passer arrive à décrocher l’acteur principal de ce que la société considère comme "the biggest hit of all time", La Porte du Paradis de Michael Cimino (Heaven’s Gate, 1980), en cours de tournage au même moment pour United Artists. Chose faite, Jeff Bridges devient Bone.

Ivan Passer et Milos Forman
Ils font partie des auteurs importants, avec Vojciech Jasny, Jiri Menzel, Jaromil Jires et bien d’autres, de la Nouvelle Vague tchécoslovaque. Ivan Passer a co-écrit deux scénarios avec son ami Milos Forman : Les Amours d’une blonde (Lásky jedné plavovlásky, 1965) et Au feu, les pompiers ! (Horí, má panenko, 1967). Ils avaient déjà travaillé ensemble auparavant sur des documentaires réalisés par Forman.

Un Edgar
Jeffrey Alan Fiskin reçoit le Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario en 1982.


Cutter’s Way
États-Unis, 1981, 1h49, couleurs (Technicolor), format 1.85
Réalisation : Ivan Passer
Scénario : Jeffrey Alan Fiskin d’après le roman Fin de fiesta à Santa Barbara de Newton Thornburg
Photo : Jordan Cronenweth
Musique : Jack Nitzsche
Montage : Caroline Ferriol
Décors : Thomas L. Roysden
Costumes : John Dundii Huhn, Christine Goulding
Production : Paul R. Gurian, Gurian Entertainment
Interprètes : Jeff Bridges (Richard Bone), John Heard (Alex Cutter), Lisa Eichhorn (Maureen Cutter, dite "Mo"), Ann Dusenberry (Valerie Duran), Stephen Elliott (J.J. Cord), Arthur Rosenberg (George Swanson), Nina Van Pallandt (la femme de l’hôtel), Patricia Donahue (Mme Cord), Geraldine Baron (Susie Swanson)

Présentation à la Mostra de Venise : septembre 1981
Sortie aux États-Unis : 20 mars 1981
Sortie en France : 10 février 1982

Distributeur :
Carlotta Films et Sidonis Production



Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox