Cop

James B. Harris, réalisateur farouchement indépendant, a toujours revendiqué son goût pour le polar américain, en particulier ceux du talentueux James Ellroy. Encore récemment, il a été producteur exécutif du film de Brian De Palma, Le Dahlia noir (The Black Dahlia, 2006). Ellroy est considéré comme le successeur de Raymond Chandler, comme en témoigne le personnage du policier interprété par James Woods dans Cop, qui correspond au descriptif que Chandler faisait dans son essai The Simple Art of Murder (1944), dans lequel il détaillait les caractéristiques du détective parfait. James Woods, révélé dans le téléfilm Holocauste  (Holocaust, 1978) avec Meryl Streep et dans Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (Once Upon a Time in America, 1984), décrit son personnage dans Cop  : « Tout ce que cherche à faire Lloyd est de mener à bien son enquête. C’est un homme qui ne connaît pas de limites. À l’inverse des autres détectives, il n’est pas macho, il est seulement indifférent aux femmes comme au reste de l’humanité tant qu’il n’a pas résolu l’énigme. » Hopkins, ou le policier sans scrupules, qui place par-dessus tout la vérité et la justice, quitte à la rendre lui-même. Forcené, obsessionnel et individualiste, ce héros hors convention circule dans un Los Angeles comme on l’a rarement vu. Cop est mis en scène avec un rythme haletant et une dose d’ironie encore inhabituelle dans le genre. Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon, dans 50 ans de cinéma américain (Nathan, 1995), louent le style spécifique du film, qui évite les écueils traditionnels du policier : « La lenteur, la méticulosité du rythme, le jeu intérieur de Woods donnent à de nombreuses scènes un ton original où se mêlent la révolte, le désespoir résigné et l’horreur. »

L’adaptation du roman Lune sanglante
Le roman de James Ellroy, Lune sanglante, paru en 1984, est le premier consacré au personnage de Lloyd Hopkins. Ce roman noir est un des premiers du genre à entrecroiser deux vies, celle du policier et celle du meurtrier. Pourtant, James B. Harris, également scénariste de son film, choisit de ne garder que le point de vue du policier Hopkins. « J’ai essayé de raconter l’histoire à travers les yeux du flic. Et le flic n’a jamais vu les meurtres, ni le tueur. Il arrive après. C’est mon choix. Je n’aime pas beaucoup voir des gens taillés en pièces à l’écran. »

Fan de noir
James B. Harris, à propos de la littérature noire : « Les gens jugent le roman noir pas assez léger, amusant. Dans leurs lectures comme au cinéma, les Américains veulent se distraire. Or la distraction peut prendre bien des masques. Pour ma part, je la trouve précisément dans ces œuvres sombres, stylisées, étranges, et qui provoquent en moi une sorte de jubilation mentale. »

James Woods et James B. Harris, deuxième !
Acteur et cinéaste ont déjà travaillé ensemble avant Cop. En 1982, Harris donne à Woods le rôle principal de son film Fast-Walking, dans lequel un gardien de prison se retrouve au milieu d’un trafic entre d’étranges personnages. Pour Cop, James Woods devient également producteur du film aux côtés de James B. Harris.

James Ellroy
Celui qui se nomme lui-même « The Dog » est né à Los Angeles en 1948. À l’âge de 10 ans, il perd sa mère, assassinée. Adolescent, il sombre peu à peu dans la délinquance. Au cours des années 1970, il change de vie et se lance dans l’écriture : Brown’s Requiem, en 1981, puis Clandestin, un an plus tard. En 1984, il entame la saga Lloyd Hopkins, officier de police de Los Angeles. Lune sanglante est une véritable bombe, grâce à un style puissant, vif et cru que l’auteur n’abandonnera plus. Après trois volets, Ellroy arrête la saga et commence un quatuor sur Los Angeles dont le premier opus Le Dahlia noir, est salué par la critique et le public. Depuis, il a signé notamment la trilogie Underworld USA et a fait des incursions au cinéma en tant qu’adaptateur ou scénariste.