Présenté au Festival de Cannes en 1969, le film reçoit le Prix du meilleur réalisateur. Durant les années 1950 et 1960, Vojtech Jasný est un cinéaste actif et influent en Tchécoslovaquie. Comme de nombreux artistes et intellectuels, il quitte le pays après l’invasion de l’URSS, à la suite du Printemps de Prague, en 1968. Le cinéaste travaille alors dans d’autres pays européens, Autriche, Allemagne, Yougoslavie, pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’il parte vivre à New York au début des années 1980. Là-bas, il donne des cours de réalisation à l’université de Columbia, où officie également Milos Forman en tant que coprésident du département des études filmiques. Forman dira de lui qu’il est le père spirituel de la Nouvelle Vague tchécoslovaque. L’un des films les plus populaires de Jasný est Un jour un chat (Az prijde kocour, 1963), dans lequel le cinéaste construit, autour d’un chat magicien, une superbe fable allégorique, colorée et musicale. Le sujet de Chronique morave est bien différent, puisque Jasný s’intéresse aux conséquences désastreuses de la collectivisation stalinienne forcée en Moravie. Le film sera d’ailleurs interdit en Tchécoslovaquie après l’invasion de 1968. À travers l’évolution, vingt ans durant, de ce village, on constate le quotidien et le sort des ruraux, leur lutte pour s’adapter et survivre sous le régime communiste, la corruption politique et la débâcle économique. « Jasný les dénonce avec une assurance tranquille et lucide, qui s’accompagne d’un douloureux examen de conscience. La dureté parfois tragique de cette chronique, Jasný la transcende par la beauté plastique de ses images sans jamais tomber dans l’alibi maniériste : la campagne vit au rythme des saisons tout autant qu’à celui de l’Histoire. » (Cinéma 69, juillet 1969).
Villageois
Vojtech Jasný est lui-même originaire d’un village morave. Il y est né et y a grandi, sous l’aile d’un père instituteur.
Titre original
La traduction du titre est « tous les bons compatriotes », référence au groupe qui se retrouvait à l’auberge, et qui va, au fil du temps et des événements, se disloquer.
Cannes
Chronique morave reçoit en 1969 le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes et la Mention spéciale de la Commission supérieure technique. Six ans plus tôt, Vojtech Jasný recevait le Prix spécial du jury pour Un jour, un chat.
Chronique morave (All My Compatriots / Všichni dobří rodáci)
Tchécoslovaquie, 1969, 1h54, couleurs (Eastmancolor), format 1.37
Réalisation & scénario : Vojtech Jasný
Photo : Jaroslav Kucera
Musique : Svatopluk Havelka
Montage : Miroslav Hájek
Décors : Karel Lier
Costumes : Ester Krumbachová
Production : Jaroslav Jílovec
Interprètes : Vlastimil Brodský (Ocenás), Radoslav Brzobohatý (Frantisek), Vladimír Mensík (Jorka), Waldemar Matuska (Zásinek), Václav Lohniský (Zejvala), Ilja Prachar (Plécmera), Helena Ruzicková (Bozka)
Présentation au Festival de Cannes : 17 mai 1969
Sortie en Tchécoslovaquie : 4 juillet 1969
Copie restaurée - Narodni Filmovi Archiv
Restauration numérique 4K menée par le National Film Archive de Prague (NFA) avec la participation du cinéaste, à partir du négatif original. Une copie de l’époque a été utilisée comme référence pour l’étalonnage et pour la numérisation du son. Une fois le négatif numérisé en 4K, rayures, poussières et autres défauts ont été supprimés, parfois numériquement, mais principalement manuellement. Première présentation française de cette version restaurée.
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