Billetterie

Cent mille dollars au soleil

de Henri Verneuil , France, Italie , 1963

Castagliano (Gert Fröbe), surnommé "La betterave" est le patron, aux méthodes douteuses, d’une entreprise de transport routier en plein Sahara. Il engage l’américain John Steiner (Reginald Kernan) pour conduire un mystérieux chargement d’une valeur de 100 000 dollars. Mais Rocco (Jean-Paul Belmondo) réussi à subtiliser le camion à Steiner. Dans une rage noire, Castagliano lance Hervé Marec (Lino Ventura) à la poursuite de Rocco…

cent-mille-dollars-au-soleilLe paysage du film est celui du désert marocain, déjà immortalisé peu de temps auparavant par David Lean dans Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia, 1962). Verneuil a aussi des désirs d’aventure, et l’endroit, exotique et mystérieux, remporte ses faveurs. Il construit son film à la façon d’un western, mais au goût français, et pas uniquement pour les poursuites en camions Berliet. Verneuil s’entoure des deux acteurs physiques du cinéma français : Jean-Paul Belmondo et Lino Ventura, qui se connaissaient depuis le tournage du beau et peu visible Classe tous risques de Claude Sautet (1960). L’équipe est complétée par Reginald Kernan, Bernard Blier et Andréa Parisy, la seule femme. Verneuil s’affirme une nouvelle fois comme un réalisateur solide, capable de distiller des détails pittoresques dans une histoire ample et ambitieuse, à l’intérieur d’un hommage explicite aux classiques américains, par la façon de filmer les grands espaces désertiques, la place assignée aux acteurs dans le cadre, l’alternance d’action et de comédie, la force de l’image autant que de l’intrigue. Cent mille dollars au soleil fit sa route jusqu’à Cannes, où il figura honorablement, et rassemblera le public en salles, se classant en septième position des plus grands succès de l’année. Plus tard, Verneuil, tenté par une carrière internationale, partira tourner en Italie, puis au Mexique, entouré d’acteurs hollywoodiens, Anthony Quinn pour La Vingt-cinquième heure (1967) ou La Bataille de San Sebastian (1968) ou Dirk Bogarde, Yul Brynner et Henry Fonda pour Le Serpent (1973).

Premiers pas au cinéma
Claude Veillot, journaliste et écrivain, est ici adapté pour la première fois au cinéma. Il deviendra par la suite l’un des collaborateurs privilégiés d’Yves Boisset, participant notamment aux scénarios d’Un condé (1970), R.A.S. (1973), Le Juge Fayard dit Le Shérif (1977), La femme flic (1980) et Espion, lève-toi (1982).

Un western à la française
Pour Verneuil, les deux genres les plus cinématographiques sont le film policier et le western. Après le succès de Mélodie en sous-sol, il se lance dans le film d’aventures en s’inspirant du western mais en considérant bien, et à juste titre, qu’il est impossible de rivaliser avec les américains. Qu’on aime ou non les films de Verneuil, il faut lui reconnaître une indéniable ambition et un désir d’instiller au cinéma français une dimension universelle. Vingt ans plus tard, il réalise, toujours avec Jean-Paul Belmondo, Week-end à Zuydcote, un film de guerre dont l’accent pessimiste du scénario le dispute à l’envergure de la réalisation.

Un tournage aux petits oignons
À l’annonce du tournage en plein désert, Belmondo, Blier et Ventura décident, afin d’être sûrs de bien manger, d’acquérir une cuisine militaire roulante et un frigo à gaz. Soutenant aussi le moral des troupes, Verneuil organise un pont aérien gastronomique entre la France et Ouarzazate : saucissons, camemberts et Beaujolais sont régulièrement livrés pendant le tournage.

Bagarre
Il faudra trois jours à Verneuil pour réaliser l’extraordinaire scène de bagarre entre Belmondo et Ventura. Les deux hommes n’ayant pas ménagé leurs efforts, deux jours de repos leur seront accordés pour retrouver figure humaine et pour Ventura, se remettre de la pose de quatre agrafes dans l’arcade sourcilière.

Des camions berliet comme vedettes
Pour Verneuil, les camions du film sont des personnages à part entière. « Il y a en outre, un troisième camion, le comique. Il intervient chaque fois comme un gag. » Notons que ces trois vedettes sont lyonnaises, sorties des usines Berliet, fleuron de l’industrie automobile nées à Lyon-Monplaisir, comme le Cinématographe.

Un lancement difficile
Sélectionné à Cannes 1964 pour représenter la France aux côtés de La Peau douce de Truffaut et des Parapluies de Cherbourg de Demy, qui décrochera la Palme d’or, le film se heurte à la brutalité de la critique française et internationale qui le qualifie de « sous-Clouzot » ou de « folklore complaisant ». Mais la presse admet aussi que le film est un excellent divertissement. Près de 3,5 millions de spectateurs le verront en France.


Cent mille dollars au soleil
France, Italie, 1963, 2h10, noir et blanc, format 2.35
Réalisation : Henri Verneuil
Assistants réalisation : Claude Pinoteau, Larbi Ben Chekroum
Scénario : Henri Verneuil, Michel Audiard, Marcel Jullian, d’après le roman Nous n’irons pas en Nigéria de Claude Veillot
Dialogues : Michel Audiard
Photo : Marcel Grignon
Musique : Georges Delerue
Montage : Claude Durand
Décors : Robert Clavel
Production : Irénée Leriche, Robert Sussfeld, S.N.E.G. - Société Nouvelle des Établissements Gaumont, Trianon Films, Ultra Films
Interprètes : Jean-Paul Belmondo (Rocco), Lino Ventura (Hervé Marec, dit "Le plouc"), Reginald Kernan (John Steiner alias Peter Frocht), Bernard Blier (Mitch-Mitch), Andrea Parisy (Pepa), Gert Fröbe (Castigliano dit "La betterave"), Anne-Marie Coffinet (Angèle), Doudoud Babet (Khenouche), Pierre Mirat (Halibi dit "Le sourdingue")

Sortie en France : 17 avril 1964

COPIE RESTAURÉE
Gaumont

Distributeur : Gaumont
Restauration numérique en 2K par Gaumont aux laboratoires Éclair Group.





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