Après son premier film Les Sœurs ennemies (1915), Germaine Dulac acquiert une belle réputation dans le métier et enchaîne les projets intimistes et expérimentaux - elle sera une des pionnières de la "première avant-garde" du cinéma français des années 1920. Sa personnalité riche et sensible se dévoile dans son œuvre, et à travers cette déclaration admirable : « Le film intégral que nous rêvons tous de composer, c’est une symphonie visuelle faite d’images rythmées et que seule la sensation d’un artiste coordonne et jette sur l’écran. Il y a la symphonie, la musique pure. Pourquoi le cinéma, lui aussi, n’aurait-il pas sa symphonie ? » C’est, à juste titre, dans cette « âme d’artiste » que réside la vitalité du personnage d’Helen et sa capacité d’abstraction au profit des gens qui l’entourent. Les performances des acteurs furent acclamées (on notera notamment Charles Vanel dans un second rôle), dont celle, toute en dignité pathétique, de Iván Petrovich, déjà remarqué dans Koenigsmark (Léonce Perret, 1923). La réalisatrice déclara : « Vous savez, ce film n’est pas conçu exactement selon mon idéal : il est fait pour le public, mais consciencieusement, avec amour. Excellents artistes, aide pécuniaire, sujet qui me plaisait… Aussi, j’ai fait une mise en scène soignée et d’impeccables reconstitutions.» Si l’audace qu’on lui connaît n’est en effet pas prédominante dans le film, la cinéaste évite habilement les écueils du mélodrame pour se concentrer sur la structure visuelle. Son sens de la composition est remarquable, et ses images nous livrent de superbes vues de Londres dans la brume, en éclairage de nuit. « Les images sont si harmonieuses, le récit visuel coule sur l’écran avec une telle limpidité que les sous-titres sont presque inutiles. La réalisation est en tout point remarquable, de ce que le réalisateur a su tirer un très habile parti de tous les signes existants de l’alphabet visuel. » (Henri Gaillard, Cinémagazine, juillet 1925).
Mabel Poulton, une comédienne cockney
Cette sténographe britannique fait par hasard ses débuts au cinéma dans Le Pantin meurtri de George Pearson (Nothing Else Matters, 1920). Elle continue sa carrière avec succès, mais l’arrivée du parlant perturbe son ascension, son accent cockney ne correspondant pas aux rôles qu’elle a l’habitude de jouer. Après quelques essais malheureux, sa carrière prend fin en 1936.
Décors
Pour Âme d’artiste, Germaine Dulac fait construire nombres de décors. C’est le cas du théâtre, spécialement construit pour l’occasion par le grand décorateur et affichiste de renom Boris Bilinsky.
Âme d’artiste
France, 1925, 1h40, noir et blanc, format 1.33
Réalisation : Germaine Dulac
Scénario : Germaine Dulac, Alexandre Volkoff, d’après la pièce Opad (Rêve et Réalité) de Christian Molbech
Photo : Jules Kruger, Nikolai Toporkoff
Musique : Max Jocson
Montage : Ike Jarlego Jr., Edgardo Jarlego
Décors : Alexandre Lochakoff
Costumes : Boris Bilinsky
Production : Gregor Rabinovitch, Ciné-France-Film
Interprètes : Mabel Poulton (Helen Taylor), Iván Petrovich (Herbert Campbell), Yvette Andréyor (Edith Campbell), Henry Houry (lord Stamford), Nicolas Koline (Morris), Gina Manès (l’actrice), Jeanne Bérangère (la mère d’Edith), Charles Vanel
Sortie en France : juin 1925
Ciné-Concert
Projection à l'Institut Lumière avec un accompagnement musical à la guitare classique par Percy Castro
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