Billetterie

Ma nuit chez Maud

de Éric Rohmer , France , 1969

Après dix ans passés en Amérique, Jean-Louis (Jean-Louis Trintignant), ingénieur de 32 ans, s’installe à Clermont-Ferrand. La ville, l’emploi lui plaisent. Il aspire à une vie calme. La solitude commence tout de même à lui peser. Mais la seule personne qui l’intéresse est une fille (Marie-Christine Barrault) qu’il croise parfois à l’église. Il cherche comment faire sa connaissance. Elle en solex, lui en voiture, la proie reste insaisissable. Et pourtant, non seulement il est sûr de l’aimer, mais non moins certain qu’elle l’aime et qu’ils se marieront. Noël arrive. Ses pérégrinations ont valu à Jean-Louis de retrouver un camarade de lycée, Vidal (Antoine Vitez), maintenant prof de philo. Il invite Jean-Louis à passer une soirée chez l’une de ses amies, Maud (Françoise Fabian), médecin, divorcée, farouchement anticléricale, et fort jolie.

ma-nuit-chez-maudÉric Rohmer : « Pour moi, le plus important, c’est le problème de la fidélité. À une femme, mais aussi à une idée, à un dogme. Tous les personnages sont présentés comme des dogmatiques hésitants ; d’une part le catholique, d’autre part le marxiste, mais également Maud qui s’accroche à son éducation de libre-penseuse, radical-socialiste. La fidélité est l’un des thèmes majeurs de mes "Contes moraux", avec la trahison en contre-sujet. » Le film est totalement emblématique de l’univers du cinéaste et témoigne de son goût prononcé pour l’introspection, la confrontation et le paradoxe. Le Pari de Pascal, sur l'existence de Dieu, et le calcul de probabilités tiennent ici une grande place. Jean-Louis est catholique, et ne cesse de réprouver le jansénisme rigoureux et inhumain de Pascal, pour faire l’apologie de l’attitude raisonnée. Rohmer évoque le signe, le hasard et la probabilité, qu’il associe à la valorisation du choix. Jean-Louis rencontre tous les personnages par hasard, laissant croire en des signes du destin. Mais ceux-ci ne sont rien sans ses choix en amont, auxquels il ne cherche pas à se soustraire malgré l’insertion de l’inattendu.  « Alors on peut - et on doit - discuter sans fin : de la volonté et de la chance, du marxisme et du christianisme, du travail et de la grâce, du calcul et du hasard, des aventures et du mariage, des voyages et de la province… Inutile de demander ce que pense Rohmer. Il ne pense pas, il filme. À nous de penser. Avec une insolence superbe et magnifiquement invisible, il nous donne une extraordinaire leçon de liberté. » (Jean Collet, L’Avant-scène cinéma, décembre 1969). Quintessence du cinéma selon Rohmer, Ma nuit chez Maud brille autant par ses qualités filmiques que par les aspects sociologiques qu’il égrène. Porté par des acteurs superbes, le film est une chronique rare, où la réflexion et l’élégance se conjuguent.

Le noir et blanc
Éric Rohmer fait le choix de ne pas filmer en couleurs. Pour lui, « le film est tourné en deux couleurs : le noir et le blanc. D’ailleurs, tous les éléments de couleurs – une orange, un feu rouge, par exemple - sont proscrits de la photographie. »

Les Contes moraux
Ma nuit chez Maud est le quatrième des Contes moraux. Il y en aura six au total : La Boulangère de Monceau (1963), La Carrière de Suzanne (1963), La Collectionneuse (1967), Ma nuit chez Maud (1969), Le Genou de Claire (1970) et L’Amour l’après midi (1972). Le thème de chaque film est le même : « L’histoire d’un garçon et de deux filles. Pendant que le narrateur cherche la fille n°1, il rencontre la n°2. C’est cette rencontre qui fait le sujet de chacun des films. À la fin, il retournera à la fille n°1. C’est là la morale du conte. »

Refreshing !
Lors de la sortie du film à New York, Kathleen Carroll, journaliste au Daily News, s’enthousiasme pour Ma nuit chez Maud. Elle s’étonne parallèlement de l’absence de scène de sexe dans le film. Apparemment, pour elle, c’est une "rafraîchissante" surprise dans le cinéma français de l’époque. Le titre de l’article ? Mon Dieu ! A French Film Sans Sex !!








Ma nuit chez Maud
France, 1969, 1h50, noir et blanc, format 1.33
Réalisation & scénario : Éric Rohmer
Photo : Néstor Almendros
Montage : Cécile Decugis
Décors : Nicole Rachline
Production : Pierre Cottrell, Barbet Schroeder, Les Films du Losange, F.F.P., Simar Films, Les Films du Carrosse, Les Productions de la Guéville, Renn Productions, Les Films de la Pléiade, Les Films des deux mondes
Interprètes : Jean-Louis Trintignant (Jean-Louis), Françoise Fabian (Maud), Marie-Christine Barrault (Françoise), Antoine Vitez (Antoine Vidal), Léonide Kogan (le violoniste), Guy Léger (le prédicateur), Anne Dubot (l’amie blonde), Marie Becker (Marie), Marie-Claude Rauzier (l’étudiante)

Présentation au Festival de Cannes : 15 mai 1969
Sortie en France : 4 juin 1969

Coffret "Eric Rohmer, l'intégrale" aux éditions Potemkine le 5 novembre 2013. En DVD et Blu-ray.

Copie restaurée - Les Films du Losange

Distributeur : Films du Losange
Présenté en version numérique restaurée en avant-première de sa ressortie en salles fin 2013.



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