Billetterie

Mélodie en sous-sol

de Henri Verneuil , France, Italie , 1962

Charles (Jean Gabin) est un vieux gangster tout juste sorti de prison. Alors que Ginette (Viviane Romance) espère voir son époux se racheter une conduite et faire l’acquisition d’un petit commerce dans le Midi, Charles, peu enclin à se ranger, envisage de monter un dernier gros coup, celui du Palm Beach, casino d’été de Cannes. Il s’adjoint l’aide de Francis (Alain Delon), jeune voyou sans scrupule et de Louis (Maurice Biraud), beau-frère de celui-ci. Les rôles sont répartis : Charles surveillera les salles du casino, Francis visitera les coulisses et Louis sera le chauffeur du trio.

melodie-en-sous-solAdaptation d’une Série noire, The Big Grab de John Trinian, Mélodie en sous-sol est l’essence même du polar à la française des années 1950 (même si réalisé en 1962). L’œuvre reste exemplaire pour de nombreux cinéastes, dont Quentin Tarantino, qui s’en est inspiré pour Reservoir Dogs et a vérifié qu’elle figurait bien au programme de Lumière 2013. Une fois encore, un film de Verneuil est devenu un classique. Adapté par Albert Simonin, servi par le trio gagnant Verneuil-Audiard-Gabin, il s’agit de leur troisième et dernière collaboration sous contrat avec la MGM. Il semblerait qu’Audiard ait peu modifié le scénario de Simonin, auquel doivent aller une part des louanges (mais Simonin n’avait que peu changé le roman de Trinian). Une nouveauté : l’arrivée d’Alain Delon, pour un rôle pressenti pour Jean-Louis Trintignant. Delon vient d’acquérir le statut de vedette internationale grâce à ses rôles dans Plein soleil de René Clément (1960) et dans Rocco et ses frères de Luchino Visconti (Rocco e i suoi fratelli, 1960) – Le Guépard (Il gattopardo, 1963)s’apprête à sortir de ses boîtes. Dans Mélodie en sous-sol, il est le pendant jeune et nerveux, apprenti truand jouant de sa beauté, du flegmatique Gabin en pape des truands qui refuse de passer la main, assis dans une Rolls ou sur un lit de palace en pyjama de soie. Une intrigue limpide, une description précise des enjeux de chaque personnage, tout est mis en scène de façon classieuse, mouvements de caméra millimétrés et sens aigu du suspense. « J’ai tenu à ce que l’action soit menée avec la rigueur d’un mécanisme d’horlogerie, déclara Verneuil. Le moindre grain de sable et c’est la faillite de l’opération. » Pour lui, un film moins bavard, laissant une place prépondérante à l’image, comme en témoigne la légendaire dernière scène, belle, implacable, éternelle.

Un nouveau duo : Gabin - Delon
Mélodie en sous-sol réunit pour la première fois à l’écran Jean Gabin et Alain Delon. Après la rencontre Belmondo-Gabin dans Un singe en hiver, Verneuil décide de réunir à nouveau deux fortes personnalités issues de deux générations du cinéma français. Gabin avait véritablement apprécié sa collaboration avec Belmondo et espère qu’il en ira de même avec Delon : « Son sérieux en impose à tous. Il travaille comme un forcené. Il discute quand il trouve qu’une indication, un jeu de scène ne lui convient pas. C’est un battant. J’aime ça ! » Les deux acteurs se retrouveront dans Le Clan des Siciliens du même Verneuil (1969) et dans Deux hommes dans la ville de José Giovanni (1973).

Le coup de poker de Delon
Lorsque Verneuil engage Delon, la MGM s’y oppose : une seule vedette est suffisante à leurs yeux pour assurer le succès du film. Delon renonce alors à son cachet en échange des droits sur quelques territoires de distribution, notamment le Brésil, le Japon et l’URSS. Il s’occupe de faire sous-titrer les copies et part sur place à la recherche de distributeurs. Le film sera un succès international, faisant gagner à Delon bien plus que le potentiel cachet qu’il aurait pu négocier initialement.

Viviane Romance retrouve les plateaux
Pour interpréter l’épouse, Verneuil veut une actrice qui avait jadis travaillé avec Gabin. « Si elle formait avec lui un couple apprécié du public à cette époque, il n’y avait pas de raison pour qu’il n’en fut pas de même vingt-cinq ans après. » Jean Gabin  suggère donc d’engager Viviane Romance avec qui il avait tourné La Bandera (1935) et La Belle équipe (1936), sous la direction de Jean Duvivier. Gabin, ravi mais pudique, saluera l’arrivée de l’actrice sur le tournage par un « Bonjour Cocotte, comment vas-tu ? » avant de demander la suite du programme de la journée.

Coupé au montage
Dans le synopsis du film figurant dans les premiers documents publicitaires, le personnage de Charles se rend chez un certain Walther, patron d’une petite entreprise et ancien truand. Walther, pas encore tout à fait retiré des affaires, peut fournir à Charles une arme équipée d’un silencieux et quelques outils nécessaires au casse. Ce personnage, coupé au montage, était campé par Georges Wilson, comédien à la carrière foisonnante, qui succèdera, quelques mois après le tournage de Mélodie en sous-sol, à Jean Vilar à la direction du Théâtre National Populaire.

Une scène sous haute surveillance
Au moment de tourner les scènes de casino avec près de 300 figurants, l’équipe se rend compte que les jetons factices prévus ne sont pas arrivés. Il est alors demandé au casino de prêter de véritables jetons, et ce, pour un montant de quatre millions d’anciens francs. Une équipe de surveillance discrète mais efficace, constituée de l’ensemble des croupiers et d’une douzaine de policiers en civil, est alors mise en place. Au comptage final, pas un seul jeton ne manquera.

Mélodie en sous-sol
France, Italie, 1962, 1h58, noir et blanc, format 2.35
Réalisation : Henri Verneuil
Assistants réalisation : Claude Pinoteau, Costa-Gavras
Scénario : Albert Simonin, Henri Verneuil, Michel Audiard d’après le roman The Big Grab / Mélodie en sous-sol de John Trinian
Dialogues : Michel Audiard
Photo : Louis Page
Musique : Michel Magne
Montage : Françoise Verneuil
Décors : Robert Clavel
Production : Jacques Bar, C.I.P.R.A. - Compagnie Internationale de Productions et Réalisations Artistiques, Cité-Films, CCM - Compagnia Cinematografica Mondiale, Metro-Goldwyn-Mayer
Interprètes : Jean Gabin (Charles), Alain Delon (Francis Verlot), Maurice Biraud (Louis Naudin), Claude Cerval (le commissaire de police), Viviane Romance (Ginette), Henri Virlojeux (Mario), Jean Carmet (le barman), José Luis de Vilallonga (M. Grimp), Rita Cadillac (Liliane), Jimmy Davis (Sam), Dominique Davray (Léone), Dora Doll (la comtesse Doublianoff), Germaine Montéro (Mme Verlot), Carla Marlier (Brigitte)

Sortie en France : 3 avril 1963

COPIE  RESTAURÉE
Roissy Films
Tamasa

Distributeur : Tamasa Distribution
Restauration et numérisation avec le soutien du CNC.




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