Après avoir commencé sa carrière dans la troupe de Maurice Béjart, Pierre Richard développe peu à peu, dans les cabarets, son personnage, drôle et lunaire. C’est Yves Robert qui le fait débuter au cinéma, dans Alexandre le bienheureux (1968). Il réalise un premier film Le Distrait (1970), qui rencontre un grand succès, puis Les Malheurs d’Alfred, dans lequel il affirme un style très personnel, maîtrisant parfaitement la mécanique du rire. La quintessence du comique de Pierre Richard réside dans ce second film. Une belle succession de gags visuels et une inventivité constante débouchent sur une performance de haut niveau. Tout en poésie et pitrerie, le comédien-cinéaste accumule les malheurs et les catastrophes sans pouvoir y remédier. Quelques scènes sont inoubliables, notamment la fameuse noyade manquée qui ouvre le film, et son improbable embouteillage de sauveteurs provoquant des sketchs en cascades : le ton est donné. Au-delà de l’aspect purement comique se dessine une critique de la télévision de l’époque. D’un jeu stupide à un autre, le gouvernement fomente un tour de passe-passe lamentable pour redorer le blason des provinciaux mécontents. L’équipe constituée de joyeux minables a donc pour objectif de perdre à chaque nouvelle rencontre régionale. « Après Pierre Etaix (Pays de cocagne, 1971), Pierre Richard entreprend son tour de France de la grande misère des jeux radiotélévisés, de l’abrutissement organisé des Intervilles, où, selon ses propres termes, "on veut surtout mettre les gens dans des situations où ils sont ridicules". » (Louis Marcorelles, Le Monde, mars 1972).
Yves Robert, producteur
C’est le réalisateur du Grand Blond avec une chaussure noire (1972) qui accompagne Pierre Richard dans ses premiers pas de cinéaste. Yves Robert est le producteur du Distrait et des Malheurs d’Alfred (1970). Sur le tournage d’Alexandre le Bienheureux (1968), il avait encouragé Pierre Richard à passer derrière la caméra. Un double engagement réussi.
Campagne publicitaire
Afin de faire la publicité du film, un tract était déposé sur le pare-brise des automobilistes parisiens :
« Lettre ouverte à tous les français. Françaises, Français, Dans les milieux généralement bien informés on insinue que vous êtes moroses. La conjoncture actuelle ne laisse pas prévoir une amélioration sensible de votre bonne humeur… à moins… à moins que vous ne décidiez d’aller plus souvent au cinéma et de commencer par Les Malheurs d’Alfred le nouveau film de Pierre Richard. Souvenez-vous du Distrait. Alfred. »
Les Malheurs d’Alfred
France, 1972, 1h38, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation : Pierre Richard
Scénario : Pierre Richard, Yves Robert, André Ruellan, Roland Topor
Photo : Jean Boffety
Musique : Vladimir Cosma
Montage : Ghislaine Desjonquères
Décors : Théobald Meurisse
Production : Danièle Delorme, Yves Robert, Alain Poiré, Gaumont, Les Productions de la Guéville, Madeleine Films
Interprètes : Pierre Richard (Alfred), Anny Duperey (Agathe), Pierre Mondy (Morel), Jean Carmet (Paul), Mario David (Kid), Robert Dalban (le chauffeur de Morel), Paul Préboist (le paysan), Yves Robert (l’observateur parisien)
Sortie en France : 8 mars 1972
Copie restaurée - Gaumont
Distributeur : Gaumont
Restauration numérique en 2K par Gaumont aux laboratoires Éclair Group.
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