Billetterie

L’Ami retrouvé

Reunion

de Jerry Schatzberg , France, République fédérale d’Allemagne, Royaume-Uni , 1988

1988. Henry Strauss (Jason Robards), avocat d’affaires, sexagénaire et new-yorkais, s’envole pour Stuttgart, une ville qu’il a quittée en 1932, encore adolescent. Il s’appelait alors Hans Strauss (Christien Anholt), et avait pour meilleur ami de lycée, Konrad von Lohenburg (Samuel West). À cette époque, le nazisme se répand inexorablement en Allemagne. Hans est juif et Konrad issu d’une famille aristocratique. D’abord réticent, Konrad commence peu à peu à voir en Hitler un sauveur pour son pays. Les deux amis s’éloignent. Cinquante ans plus tard, Henry cherche à savoir ce que Konrad est devenu.

lami-retrouveAprès une brillante carrière comme photographe de mode et de publicité, Jerry Schatzberg s’illustre depuis les années 1970 comme un réalisateur aux multiples inspirations : les marginaux, l’Amérique, l’art, autant de sujets traités avec le ton libre qui le caractérise. Le réalisateur de Portrait d’une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child, 1970) et de L’Épouvantail (Scarecrow, 1973), explique, après sa Palme d’or au Festival de Cannes en 1989, son engouement pour le projet de L’Ami retrouvé : « Ce qui m’intéresse, c’est la communication. Il y aura toujours des consciences désireuses d’éduquer d’autres consciences. Je crois aussi qu’on est influencé par la démagogie ambiante, et d’autant plus dangereusement qu’on ne s’en rend pas compte. L’histoire des deux adolescents du film fonctionnerait tout aussi bien dans un autre contexte que celui du nazisme, à condition que ce soit un contexte fondé sur la répression ou la ségrégation. » Fidèle à une volonté d’illustrer la violence, c’est avec une douleur et une émotion authentiques que le cinéaste officie. Schatzberg a su transmettre en images le sublime scénario d’Harold Pinter, avec des suppléments d’émotion nécessaires à la narration. On retrouve la patte du grand photographe, soucieux de beauté formelle, de réalisme et d’objectivité. Loin du débordement et de la démonstration, Schatzberg construit avec une retenue constante le parcours mental et effectif du retour au pays natal d’Hans. Il décrit avec justesse les différences sociales et psychologiques, que le lien d’amitié surmonte relativement aisément. Puis c’est la montée de l’antisémitisme qui se glisse insidieusement dans cette amitié adolescente, comme une haine extérieure qui parasite l’équilibre des deux jeunes hommes, pour en faire imploser la structure ensuite. « Schatzberg et Pinter ont réussi un film d’une grande force, d’une intense intelligence, où s’impose le thème profond de l’humiliation, familier à tous deux, où l’émotion longtemps muselée par la pudeur finit par sourdre et se libérer. » (Danièle Heymann, Le Monde, mai 1989).

Deux fins ?
Le réalisateur et son scénariste sont en désaccord sur la fin à donner au film. Jerry Schatzberg : « Je lui ai dit que je tournerai les deux fins et que l’on choisirait ensuite. Bien sûr, je n’ai réalisé que la mienne, l’ai montrée à Pinter qui, beau joueur, a donné son accord immédiatement. »

Genèse
C’est une productrice française, Anne François, qui fait découvrir à Jerry Schatzberg le livre de Fred Uhlman. « J’ai été remué, raconte le cinéaste, par cette histoire d’amitié où la découverte de l’autre abat les barrières. J’y voyais la possibilité de montrer comment les divagations d’Hitler avaient insidieusement séduit les plus intelligents des Allemands. » Réputé inadaptable, le livre de Fred Ulhman avait déjà attiré certains cinéastes, dont Marcel Ophuls.

Harold Pinter et le cinéma
C’est également Anne François qui propose à Harold Pinter d’écrire le scénario. Pinter connaît le livre, c’est d’ailleurs sa mère, alors âgé de près de 80 ans, qui le lui a fortement conseillé. Cet écrivain et metteur en scène britannique, un des dramaturges contemporains les plus renommés, est aussi scénariste : il a principalement collaboré avec Joseph Losey pour The Servant (1963), Accident (1967) et Le Messager (The Go-Between, 1971). Il a publié également un scénario d’après À la recherche du temps perdu de Proust, à la demande de Joseph Losey - le film ne sera jamais réalisé. En 2005, trois ans avant de disparaître, il reçoit le prix Nobel de Littérature pour l’ensemble de son œuvre.

Les autochromes comme inspiration
Afin de faire les liaisons entre le présent et les souvenirs d'Henry Strauss, Jerry Schatzberg et Bruno de Keyzer ont travaillé sur la photo et l’utilisation des couleurs. « Nous avons utilisé la technique photographique qui transforme graduellement le noir et blanc en couleurs, des couleurs que nous avons voulues proches des vieux clichés autochromes. Nous avons ainsi, par glissements chromatiques, séparé et lié ce qui relève du passé et ce qui représente le présent. »


L’Ami retrouvé (Reunion)
France, République fédérale d’Allemagne, Royaume-Uni, 1988, 1h50, couleurs (Eastmancolor), format 2.35
Réalisation : Jerry Schatzberg
Scénario : Harold Pinter d’après le roman L’Ami retrouvé de Fred Uhlman
Photo : Bruno de Keyzer
Musique : Philippe Sarde
Montage : Martine Barraqué
Décors : Alexandre Trauner
Costumes : David Perry
Production : Anne François, Henry J. Bamberger, Les Films Ariane, FR3 Films Production, Nef Filmproduktion und Gertriebs, CLG Films, Tac Ltd, Arbo-Film Maran GmbH
Interprètes : Jason Robards (Henry Strauss), Christien Anholt (Hans), Samuel West (Konrad), Françoise Fabian (Comtesse von Lohenburg), Maureen Kerwin (Lisa), Barbara Jefford (Mme Strauss, la mère de Hans), Bert Parnaby (M. Strauss, le père de Hans), Jacques Brunet (Herr von Lohenburg, le père de Conrad), Tim Barker (Zimmerman, un professeur), Struan Rodger (Pompetski, un professeur), Shebah Ronay (la jeune comtesse Gertrud), Roland Schäfer (le juge Freisler)

Présentation au Festival de Cannes : mai 1989
Sortie en France : 17 mai 1989
Sortie en Allemagne : 5 octobre 1989


COPIE RESTAURÉE
TF1 DA

Distributeur : TF1 Droits Audiovisuels
Ce film a été restauré en 2K chez Mikros à partir du négatif original. Principalement en couleurs avec des passages en noir et blanc et des images d’archives (vraies et fausses), l’étalonnage s’est révélé délicat pour restituer la volonté du réalisateur.


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