Billetterie

Et vogue le navire

E la nave va

de Federico Fellini , Italie, France , 1983

Été 1914, dans le port de Naples. Une foule élégante et hétéroclite, composée de chanteurs lyriques, musiciens, critiques, acteurs, aristocrates et altesses - ainsi que d’un rhinocéros - embarque sur le Gloria N., un luxueux paquebot. Tous sont là pour accompagner les cendres de la grande cantatrice Edmée Tetua vers sa dernière demeure, son île natale. Au cours du voyage, l’équipage recueille des réfugiés serbes, fuyant l’Empire austro-hongrois à la suite de l’attentat de Sarajevo. Deux mondes s’affrontent, sur fond de début de Première Guerre mondiale.

et-vogue-le-navireLorsque naît Et vogue le navire, la carrière de Federico Fellini est déjà jalonnée de chef-d’œuvres : La Strada (1954), Satyricon (Fellini-Satyricon, 1969), Amarcord (1973), La Cité des femmes (La città delle donne, 1980). Et vogue le navire, produit par Daniel Toscan du Plantier, est tout autant un hommage au cinéma qu’à l’opéra. Tout au long du film, chanteurs lyriques, chef d’orchestre, musiciens, sont présents pour les derniers adieux à la cantatrice décédée. Fellini n’a de cesse d’évoquer la fabrication d'un cinéma qui n’existe plus. À travers divers hommages aux films muets, dont des clins d’œil à Charlie Chaplin, et par le rendu même de l’image qui apparaît volontairement jaunie et vieillie, Fellini soulève de nouveau la question du cinéma et de l’artifice. Cette interrogation l’a toujours habité, comme en témoigne notamment Huit et demi (8 1/2, 1963) où Marcello Mastroianni interprète un réalisateur en difficulté créatrice. Ce questionnement est transposé ici à travers la présence de nombreux aspects techniques du cinéma : décors de studios, incrustation de faux ciel et mer, faisant ressembler le paquebot à un immense studio flottant. Fellini communique sa nostalgie d’une époque où le cinéma était plus artisanal et moins commercial. « Par un autre coup de génie, Fellini réinvestit le vécu historique de 1914 dans un monde doublement cinématographique (celui des films contemporains de l’événement et le sien). […] C’est vrai que tout un monde fait naufrage, qu’une société s’écroule, mais toujours selon les lois fellliniennes du spectacle. Prodigieux chant d’amour au cinéma, la maîtrise réaffirmée, sous de nouvelles formes, d’un magicien de l’image faisant surgir et disparaître à volonté les représentations les plus étonnantes et les plus sublimes de ce qu’il porte en lui. » (Jacques Siclier, Le Monde, janvier 1984). Qu’il soit mélancolique, salvateur ou préfigurateur, ce naufrage est avant tout l’expression ultime de la déclaration d’amour de Fellini à son art.

Tournage à Cinecitta
Fellini tourne Et vogue le navire au sein des célèbres studios Cinecittà à Rome. Pendant quatorze semaines, il supervise cent vingt acteurs et des centaines de figurants, sur huit plateaux et quarante décors.

Genèse
C’est une coupure de presse qui est à l’origine du film. Fellini repense  à cette histoire singulière : on avait découvert dans la maison d’un jésuite sa correspondance avec un ancien ambassadeur de Hongrie à la retraite. L’homme s’était mis en tête de découvrir les vraies causes de la Première Guerre mondiale,  car il était persuadé qu’elles étaient différentes de celles communément admises.

Le véritable cinéma de Fellini
Ode au cinéma, Et vogue le navire évoque le 7e Art des origines, tel que Fellini l’a découvert. « Je disais que je voulais faire un film du même style que mes premiers films, il devrait donc être en noir et blanc, ou plutôt strié, avec des taches d’humidité, comme une pièce de cinémathèque. Un faux, en somme, et c’était justement cela qui me séduisait, parce que je pense que le véritable cinéma doit être ainsi. »

Pina Bausch
Elle joue le rôle de la princesse Lherimia, sœur de l’archiduc d’Autriche.  C’est la première des très rares apparitions au cinéma de cette grande danseuse et chorégraphe allemande, figure incontournable de la danse contemporaine.  Après son décès en 2009, Wim Wenders lui rend hommage  deux ans plus tard avec Pina.

Et vogue le navire (E la nave va)
Italie, France, 1983, 2h08, noir et blanc et couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation : Federico Fellini
Assistants réalisation : Andrea De Carlo, Giovanni Arduini
Scénario : Federico Fellini, Tonino Guerra
Photo : Giuseppe Rotunno
Musique : Gianfranco Plenizio, Andrea Zanzotto
Montage : Ruggero Mastroianni
Décors : Dante Ferretti
Costumes : Maurizio Millenotti
Production : Franco Cristaldi, Aldo Nemni, RAI Radiotelevisione Italiana, Vides Produzione, Societa Investimenti Milanese, Gaumont
Interprètes : Freddie Jones (Orlando), Barbara Jefford (Ildebranda Cuffari), Victor Poletti (Aureliano Fuciletto), Peter Cellier (sir Reginald J. Dongby), Elisa Mainardi (Teresa Valegnani), Norma West (lady Violet Dongby), Paolo Paoloni (le chef d’orchestre Albertini), Sarah Jane Varley (Dorotea), Fiorenzo Serra (le grand-duc de Harzock), Pina Bausch (la princesse Lherimia), Pasquale Zito (le comte de Bassano), Linda Polan (Ines Ruffo Saltini), Philip Locke (le Premier ministre)

Présentation à la Mostra  de Venise : 10 septembre 1983
Sortie en Italie : 7 octobre 1983
Sortie en France : 4 janvier 1984

COPIE  RESTAURÉE Gaumont

Distributeur : Gaumont
Restauration numérique en 2K par Gaumont aux laboratoires Éclair Group.



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