Billetterie

Voyage au bout de l’enfer

The Deer Hunter

de Michael Cimino , États-Unis, Royaume-Uni , 1978

Cinq amis sortent au petit matin des aciéries de Pennsylvanie pour le mariage de Steven (John Savage), le plus jeune d’entre eux. Lors de la fête qui suit les noces, c’est au tour de Nick (Christopher Walken) de faire une demande en mariage à Linda (Meryl Streep), qu’il promet d’épouser à son retour du Viêt-nam. Le groupe d’amis, à l’exception du jeune marié, part dans les montagnes chasser le cerf une dernière fois avant de partir au front. Michael (Robert De Niro), perfectionniste dans l’âme, met un point d’honneur à tuer celui-ci d’une seule balle. Quelques temps plus tard, Michael, Nick et Steven se retrouvent prisonniers du Vietcong.

voyage-au-bout-de-l-enferAvec la démesure, l’ambition, le lyrisme et la puissance visuelle qui sont les siens, Michael Cimino s’attaque, deux ans avant La Porte du Paradis (Heaven’s Gate, 1980), à dénoncer le désir de domination et de puissance de l’Amérique. Le cinéaste utilise les stigmates indélébiles de la plus grande débâcle militaire américaine pour se concentrer sur le devenir d’un pays meurtri et gangrené. Épopée puissante dans son propos, intimiste par sa mise en scène, Voyage au bout de l’enfer est une œuvre éprouvante. D’un bout à l’autre, le cinéaste multiplie les scènes inoubliables, comme celle, terrifiante, de la roulette russe, apogée foudroyante du film. Christopher Walken – le seul qui viendra affronter la salle lors du Festival de Berlin – vole presque la vedette à Robert De Niro, tant son interprétation est puissante. Il témoigne : « N’ayant jamais participé de manière aussi importante à un film, j’ai vraiment découvert l’univers du cinéma. J’ai tout vu avec des yeux neufs, et j’ai éprouvé des sentiments nouveaux. Il y a toutes sortes de théories sur le jeu d’acteur. Moi, j’essaie de perdre le contrôle. La réflexion doit être un procédé involontaire, quelque chose qui se produit sans qu’on puisse l’empêcher. Pour mieux m’échanger avec Nick, je l’ai laissé m’influencer entièrement. » Robert De Niro, fidèle à ses méthodes de travail, ira passer trois mois dans une mine de l’Ohio pour s’approprier l’histoire de ses ouvriers, leur culture, leur style. Sa prestation est à la fois une confirmation et une consécration de son talent : jamais sa présence n’avait été aussi forte avant Voyage au bout de l’enfer. La performance de Meryl Streep vient de son jeu, puisé dans l’émotion la plus profonde : elle accepta le rôle pour être au côté de son compagnon de l’époque, John Cazale, qui, atteint d’un cancer des os, souffrait énormément. Voyage au bout de l’enfer, cousin direct d’Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979), porte une lumière aveuglante sur une guerre taboue. L’Amérique avant et après, celle, mythique, du rêve américain, puis celle d’un pays en voie de décomposition, qui a perdu ses illusions et dont le héros tente par tous les moyens de recoller les morceaux. Une des plus belles épopées intimistes du cinéma américain, un chef-d’œuvre absolu.

Tournage difficile, montage endeuillé
La partie asiatique du tournage est extrêmement difficile : eaux boueuses, accident d’hélicoptère, nature hostile, maladies en tout genre… Cimino tourne le plus rapidement possible. Le tournage en Ohio se révèle également compliqué : la ville où se déroule l’action est inventée de toutes pièces et les décors construits dans huit localités différentes, impliquant une logistique importante. Enfin, pendant le montage, la mort de John Cazale, qui interprète Stan, vient endeuiller une équipe déjà éprouvée.

Steve McQueen
Il est le tout premier spectateur de Voyage au bout de l’enfer. Michael Cimino organise une projection du film dans une salle de Technicolor, il vérifie l’impression, assis au fond, pendant que Steve McQueen regarde le film, seul, au premier rang. Le film terminé, celui-ci se lève, regarde le cinéaste et lui lance un rageur : « On va montrer à ces fils de pute comment on vit ! » Quelques mois plus tard, Steve Mc Queen décède, à la suite d’une opération de son cancer.

Scandale à Berlin
Lors de sa projection au Festival de Berlin, le film fait scandale : la moitié de la salle hue et crie, pendant que l’autre moitié tente de se remettre de l’émotion qui l’a submergée. La guerre du Viêt-nam, sujet très sensible, crée de vives tensions, certaines délégations des pays satellites de l’URSS décidant même de quitter la manifestation dès le lendemain.

Oscars
Voyage au bout de l’enfer a été récompensé par cinq Oscars : meilleur réalisateur, meilleur film, meilleur montage, meilleur son et meilleur acteur dans un second rôle pour Christopher Walken.


Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter)
États-Unis, Royaume-Uni, 1978, 3h02, couleurs (Technicolor), format 2.35
Réalisation : Michael Cimino
Scénario : Deric Washburn, Michael Cimino, Louis Garfinkle, Quinn K. Redeker
Photo : Vilmos Zsigmond
Musique : Stanley Myers
Montage : Peter Zinner
Décors : Dick Goddard, Alan Hicks
Costumes : Eric Seelig
Production : Michael Cimino, Michael Deeley, John Peverall, Barry Spikings, EMI, Universal Pictures
Interprètes : Robert De Niro (Michael Vronsky), John Cazale (Stan "Stoch"), John Savage (Steven), Christopher Walken (Nikanor Chevotarevich, dit Nick), Meryl Streep (Linda), George Dzundza (John), Chuck Aspegren (Axel), Shirley Stoler (la mère de Steven), Rutanya Alda (Angela), Pierre Segui (Julien), Mady Kaplan (la fille d’Axel)

Présentation au Festival de Berlin : février 1979
Sortie aux États-Unis : 8 décembre 1978 (Los Angeles), puis 23 février 1979
Sortie en France : 23 mars 1979

COPIE RESTAURÉE
Distributeur : Carlotta Films
Présenté en version restaurée et en avant-première de sa ressortie en salles le 23 octobre 2013.

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