Billetterie

Sourires d’une nuit d’été

Sommarnattens leende

de Ingmar Bergman , Suède , 1955

Stockholm, vers 1900. Séduisant quadragénaire, l’avocat Fredrik Egerman (Gunnar Björnstrand) a épousé en secondes noces Anne (Ulla Jacobsson), une jeune fille qui a à peu près l’âge de son fils Henrik (Björn Bjelfvenstam), étudiant en théologie. Mais cette nouvelle union pour laquelle Fredrik a quitté Désirée (Eva Dahlbeck), son ancienne maitresse, s’avère être un échec. Désirée décide de réunir lors d’une fête dans la propriété de sa mère, son ancien amour Fredrik, sa très jeune femme et son fils, ainsi que son actuel amant, le comte Malcolm (Jarl Kulle) et son épouse Charlotte (Margit Carlqvist). Au cours de cette nuit de la Saint-Jean, les couples se font et se défont.

sourires-nuit-ete« Durant une décennie, entre 1945 et 1955, écrit Olivier Assayas, il tourne parfois deux films par an, accumulant une œuvre assez riche et diverse pour suffire à la filmographie d’un autre. Bergman est à son apogée. Il a acquis une maîtrise complète de son art, tournant consécutivement entre 1955 et 1957 les trois films qui l’ont imposé auprès du public cinéphile du monde entier, Sourires d’une nuit d’été, Le Septième sceau et Les Fraises sauvages. » Son œuvre précédente, Monika, pourtant son quinzième film, installa Bergman dans le panthéon international. Tourné en 55 jours, Sourires d’une nuit d’été le révélera définitivement, grâce au prix reçu à Cannes en 1956 – une récompense à la définition quelque peu extravagante : le Prix de « l’humour poétique » (en outre, la Svensk Filmindustri avait caché au réalisateur que son film y était projeté). Bergman, qui connaît alors des problèmes de santé et dont la vie privée est chaotique, évoque le couple et ses ruptures, et mélange les genres : le film est tour à tour cocasse, libertin, tragique, poétique et surréaliste. « C’est avec ce film que l’on comprend le mieux les personnages de Bergman, écrit Jacques Siclier, qui fut l’un des grands critiques du Monde. Il ne reste plus pour eux d’autre espoir que de se reformer en couples mieux assortis, pour recommencer d’être Adam et Eve loin du Paradis, condamnés au péché et à la souffrance. » Le travail sur la lumière est toujours aussi remarquable, comme un écrivain dont on dirait qu’il a, avant toute chose, du style. C’est aussi la marque des grands cinéastes que d’affirmer un parti pris visuel convaincu et beau. « On dirait un film éclairé par la Lune » écrivent les Cahiers du cinéma en juillet 1956. Les dialogues sont savoureux, évoquant les comédies shakespeariennes et le vaudeville. On pense également à La Règle du jeu, mais le cinéaste assura ne pas l’avoir vu. Comme chez Renoir, les classes sociales s’effacent devant les attirances physiques : la servante se sent supérieure à celle qui l’emploie, car elle a fait l’expérience de la sexualité. Les hommes, souvent ridiculisés, pensent davantage à la mort qu’aux sentiments qui semblent être des privilèges féminins : « Si l’amour est un mal, vive le mal ! » déclare Petra. Le film est un chassé-croisé où se succèdent ellipses, coups de théâtre, libertinage. « Des idiots n’ont voulu voir qu’un vaudeville, lit-on dans Positif. Bergman a entrepris une œuvre nécessaire : débarrasser le cinéma de sa ceinture de chasteté. ». Sourires imposa aussi Bergman comme un grand directeur d’acteurs – ici Ulla Jacobson, Harriet Andersson et quelques autres. Des années plus tard, un metteur en scène new-yorkais, admirateur du maître suédois, lui rendit hommage en réalisant Comédie érotique d’une nuit d’été. Il s’agit de Woody Allen, bien sûr, grand admirateur aussi du film suivant de Bergman, une œuvre maîtresse : Le Septième sceau.

Un tournage éprouvant
Après des préparatifs longs et coûteux, Ingmar Bergman se lance dans le tournage, surmené et atteint  d’étranges maux d’estomac faisant craindre un cancer. Le cinéaste est d’une humeur exécrable, malmenant  laboratoires, administration, direction… Le tournage dure près de soixante jours. À la fin du tournage, ne pesant plus  que 57 kg, Bergman se rend à l’hôpital pour un examen complet. Bilan : il se porte très bien ! Il aura dans son autobiographie, Laterna Magica (Gallimard), des mots ironiques envers l’homme qu’il était.

Du théâtre au cinéma
À l’automne 1942, Bergman prend les fonctions de metteur en scène et conseiller artistique auprès de la direction du Théâtre de Malmö. Cette activité lui permet de découvrir de nouveaux talents et d’amener au cinéma des comédiens de théâtre. Ce sera le cas ici d’Eva Dahlbeck, la belle Désirée, d’Ulla Jacobsson,  la jeune épouse Anne, de Björn Bjelfvenstam dans le rôle d’Henrik…

Cannes 1956 et le succès
Sourires d’une nuit d’été reçoit en 1956 lors du Festival de Cannes le « Prix de l’humour poétique » (sic). Les critiques sont très bonnes, le succès faisant dire à Bergman : « Maintenant je peux m’allonger et mourir. J’ai fait mon truc et je ne pourrai jamais faire mieux. " Il fera mieux…

Raymond Queneau et Bergman ?
Le saviez-vous ? Raymond Queneau, romancier, poète et cofondateur de l’Oulipo, et qui connaitra  le succès en 1959 avec Zazie dans le métro, est l’auteur des dialogues de l’adaptation française  de Sourires d’une nuit d’été.

De Stockholm à New York
Sourires d’une nuit d’été a été adapté en comédie musicale par le compositeur américain  Stephen Sondheim, connu pour être le librettiste de West Side Story. La première de A Little Night Music sera donné à Broadway le 25 février 1973.






Sourires d’une nuit d’été (Sommarnattens leende)
Suède, 1955, 1h42, noir et blanc, format 1.37
Réalisation & scénario : Ingmar Bergman
Photo : Gunnar Fischer
Musique : Erik Nordgren, Robert Schumann (Aufschwung Opus 12), Frédéric Chopin (Fantaisie-Impromptu Opus 66), Franz Liszt (Liebestraum n°3 Opus 62)
Montage : Oscar Rosander
Décors : P.A. Lundgren
Costumes : Mago
Production : Allan Ekelund, Svensk Filmindustri
Interprètes : Ulla Jacobsson (Anne Egerman), Eva Dahlbeck (Désirée Armfeldt), Harriet Andersson (Petra, la bonne), Margit Carlqvist (la comtesse Charlotte Malcom), Gunnar Björnstrand (Fredrik Egerman), Jarl Kulle (le comte Carl Magnus Malcolm), Åke Fridell (Frid, le valet), Björn Bjelfvenstam (Henrik Egerman), Naima Wifstrand (Mme Armfeldt), Jullan Kindahl (la cuisinière), Gull Natorp (Malla), Birgitta Valberg (la première actrice), Bibi Andersson (la seconde actrice)


Sortie en Suède : 26 décembre 1955
Sortie en France : 20 juin 1956

COPIE  RESTAURÉE
Svenk Filmindustri StudioCanal

En partenariat avec StudioCanal, copies restaurées par Svensk Filmindustri
Distributeur : StudioCanal
La restauration a débuté en reprenant le négatif 35mm qui a été scanné en fichiers dpx 2K. Un master a été créé à partir des fichiers en utilisant, quand cela était possible, le matériel de référence. Après cette étape, le principal outil de restauration, Phoenix, a permis de supprimer toute poussière, rayure et autres défauts. Un Master a été créé sur support HDCAM SR et archivé les fichiers 2K sur support LTO.


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