Che strano chiamarsi Federico !

Deux grands noms du cinéma italien se rencontrent et dialoguent à vingt ans de distance. Vingt ans depuis la disparition du Maestro Fellini, auquel Ettore Scola rend ici un vibrant hommage.
Le réalisateur, lui-même tant célébré, de Nous nous sommes tant aimés (C’eravamo tanto amati, 1974) ou d’Une journée particulière (Una giornata particolare, 1977), se livre à un exercice ludique et émouvant pour évoquer un Fellini qu’il a bien connu personnellement. Comme il le confie au journal Le Monde : « J’avais envie de parler avec Federico. De convoquer des souvenirs, de retrouver des conversations, des documents, des dessins qu’il avait faits. Mon film n’est pas structuré narrativement. C’est plutôt quelque chose d’impressionniste, des moments dont je me souviens et qui montrent, comment dit-on en français ?, l’allegria de Federico. C’est un beau mot italien, non, allegria ? Vous dites allégresse ? Pas tout à fait... Enfin, on riait beaucoup avec Federico. De la vie, du monde et de lui-même. »
Alors qu’il rentre dans sa quatre-vingt-deuxième année, Scola propose ici son film sans doute le plus inventif et expérimental depuis Le Bal (Ballando ballando, 1983), mêlant reconstitution fictionnelle et images d’archives. « Un film court, peut-être un peu cubiste », comme s’en amuse Scola.
Che strano chiamarsi Federico ! a été présenté à la dernière Mostra de Venise, et ovationné par un public sous le charme. Gianfranco Angelucci s’enthousiasme dans les colonnes de La Voce di Romagna : « Quatre-vingt dix minutes qui s’envolent en un éclair, comme il arrive seulement avec les chefs-d’œuvre, et à la fin des applaudissements prolongés pendant toute la durée du générique »

Allusion
Le titre Che strano chiamarsi Federico ! est un clin d’œil à un vers d’un poème de Garcia Lorca, qui partage avec Fellini le même prénom : Federico.

En famille
Ettore Scola a écrit le scénario de son film avec l’aide de ses deux filles Paola et Silvia, toutes deux déjà scénariste ou assistante réalisateur. Le film s’est aussi fait avec la "famille de cœur" du Maestro : en plus de ses collaborateurs habituels, Scola fait appel au décorateur Luciano Ricceri, qui travailla avec Fellini sur 8 ½ (1963) et Juliette des esprits (Giulietta degli spiriti, 1965)  et au jeune compositeur Andrea Guerra, le fils de Tonino Guerra, scénariste d’Amarcord (1973).

Venise
Che strano chiamarsi Federico ! a été présenté à la Mostra de Venise en septembre 2013. Ce festival aura à plusieurs reprises récompensé le travail de Fellini : Lion d’argent pour Les Vitelloni (I vitelloni) en 1953 et pour La strada en 1954, ainsi qu’un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière en 1985.